L'Union nationale pour l'insertion sociale du déficient auditif (Unisda) condamne l'« autosatisfaction déplacée » du ministre de l'Education nationale, Xavier Darcos, dans son bilan de la scolarisation des enfants handicapés publié à l'occasion de l'anniversaire de la loi pour l'égalité des droits et des chances (1), et réfute en particulier les éléments concernant les sourds.
Si des mesures sont effectivement engagées pour développer l'enseignement de la langue des signes française (LSF) (épreuve facultative de LSF, programmes en LSF, préparation d'un futur CAPES), l'association considère que le ministre ne tient pas compte du choix du projet linguistique, tel qu'il est inscrit dans la loi « handicap ». En effet, cette dernière prévoit que les parents puissent choisir entre un enseignement bilingue (LSF pour l'oral et français écrit) ou un enseignement en langue française, avec ou sans l'aide d'un codeur en langage parlé complété (LPC). Or, selon l'Unisda, le ministre renvoie l'ouverture de classes bilingues (LSF et français) « à dans plusieurs années » et « occulte totalement la possibilité du choix en langue française avec LPC ». L'Education nationale considère, explique l'association, que ce dernier choix ne relève pas de l'accessibilité, mais entre dans le cadre de la compensation et doit donc être prise en charge par la prestation de compensation du handicap (PCH) délivrée par le conseil général. Ce sont donc des raisons budgétaires qui empêcheraient le libre choix des parents. Par ailleurs, l'Unisda déplore la menace de fermeture qui pèse sur des initiatives locales, en particulier sur l'Institut de recherches sur les implications de la langue des signes (IRIS) à Toulouse (2). De même, elle s'inquiète du recours « de plus en plus systématique » aux auxiliaires de vie scolaire (AVS), au détriment de l'intervention de « véritables professionnels de la langue ».
L'Unisda exige que la conférence de consensus sur l'éducation et la scolarisation des jeunes sourds annoncée « dès le début 2009 », puis « avant la fin du premier semestre 2009 », se tienne « le plus rapidement possible ». Enfin, elle ajoute que la réflexion sur l'éducation des jeunes sourds appelle d'autres chantiers : l'information et l'accompagnement des parents dès la découverte de la surdité de leur enfant ainsi que l'accès à l'enseignement supérieur. Réfutant l'optimisme de Xavier Darcos selon lequel, « les discriminations reculent à l'école », l'union juge qu'« en l'absence d'une véritable politique permettant la mise en oeuvre de la loi du 11 février 2005, le ministère de l'Education nationale continue d'exposer les jeunes sourds à l'échec scolaire et à l'illettrisme, compromettant ainsi leur vie sociale et leurs projets professionnels ».
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