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« LE MICRO-CRÉDIT, ENCORE TROP MÉCONNU »

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En novembre 2006, l'Unccas signait une convention de partenariat avec la Caisse des dépôts et consignations afin d'expérimenter le micro-crédit personnel pour les personnes éloignées du crédit bancaire. A l'occasion d'un bilan d'étape, Patrick Kanner, président de l'Unccas, défend ce dispositif de lutte contre l'exclusion financière.

À quoi sert le micro-crédit personnel ?

Si 98 % des Français possèdent un compte bancaire, ils sont plus de cinq millions à rencontrer des difficultés d'accès au crédit, liées soit à un incident bancaire qui les stigmatise, soit à l'utilisation imprudente du crédit revolving. Or l'accès au crédit est intrinsèque à la citoyenneté. En 2005, la loi de programmation pour la cohésion sociale a créé le Fonds de cohésion sociale. Géré par la Caisse des dépôts et consignation et doté de 73 millions d'euros sur 5 ans, il prend en charge la moitié du risque des micro-crédits, les banques partenaires assurant l'autre moitié. En partenariat avec les CAF, la MSA, le Secours populaire, le Secours catholique, les UDAF, la FNARS... et bien sûr les centres communaux d'action sociale (CCAS) (1), qui accompagnent les bénéficiaires, ces prêts de 300 à 3 000 euros, d'une durée maximale de 34 mois, s'adressent à des personnes aux ressources modestes (2). Ils doivent servir à financer des projets permettant l'insertion sociale et professionnelle : achat d'un deux-roues pour se rendre à son travail, formation, garantie d'une location d'appartement, paiement de frais d'obsèques... L'objectif est de faire reconnaître que même si on a peu ou pas de revenus, on peut être un client « normal » d'une banque. La précarité n'est pas un signe de défaillance potentielle. D'ailleurs, le « taux de sinistralité » est inférieur à 1,5 % dans le cas du micro-crédit contre 4 % pour les prêts bancaires classiques !

Est-ce un dispositif en croissance ?

Oui, non seulement parce que nous traversons une période de saignée sociale mais aussi parce qu'il est de plus en plus connu. Avec un taux d'intérêt variant de 0 à 8 %, 6 000 prêts ont déjà été attribués en France. Le micro-crédit attire d'ailleurs vers les CCAS un public qu'ils ne connaissaient pas. Parmi eux, 42 ont déjà signé une convention Unccas-Caisse des dépôts et accordé 57 prêts depuis novembre 2006 (un quart des demandes aboutissent à un prêt). Nous espérons que chaque département pourra le proposer d'ici à la fin de l'année. Ce qui intéressant, c'est l'accompagnement personnalisé, la garantie financière et la garantie morale : l'association assure l'évaluation de la situation de la personne afin de l'orienter ou non vers le dispositif de micro-crédit personnel. L'accompagnement du bénéficiaire aborde la globalité de la situation sociale. Il permet de donner des conseils en gestion budgétaire, d'aider à l'émergence et à la formalisation du projet, de gérer le montage du dossier, la pré-instruction de la demande de prêt...

Quels sont les obstacles à un développement plus important ?

40 % des demandes de micro-crédit personnel émanent de personnes inscrites au Fichier central des chèques impayés et au Fichier des incidents de remboursement des crédits aux particuliers, pour lesquelles le micro-crédit n'est pas ouvert. Il est paradoxal d'exclure des personnes - sous prétexte d'une « punition » - alors que ce dispositif vise justement à les insérer dans une démarche de projection positive ! Par ailleurs, les délais d'octroi des crédits sont parfois longs et donc décourageants. Le dispositif est également encore mal connu et il reste beaucoup de territoires où il n'y a pas d'accord avec les banques. Enfin, ce partenariat avec les institutions bancaires n'est pas toujours facile pour les travailleurs sociaux - il y a des réserves naturelles et réciproques.

Notes

(1) La Caisse des dépôts a recensé sur le site www.france-microcredit.org l'ensemble des structures accompagnantes.

(2) Les ressources moyennes des demandeurs par ménage sont de 994 € .

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