«Oui, il faut réinjecter de l'argent dans les banques et relancer les travaux publics, mais il faut aussi faire des investissements liés aux personnes et au lien social, qui ne peut être assuré que par les associations. » Alors que le secteur associatif (6 % de l'emploi salarié en France) pâtit en 2009 de sérieuses coupes budgétaires (1), Jacques Henrard, président de la Conférence permanente des coordinations associatives (CPCA) (2), a, le 12 février, demandé aux pouvoirs publics de considérer ce secteur comme « un levier à part entière d'un plan de relance durable de notre économie ». A quelques jours de l'ouverture du « sommet social » entre le chef de l'Etat et les partenaires sociaux, le 18 février, l'organisation a formulé des propositions qui, souligne-t-elle, relèvent des réflexions déjà engagées dans le cadre de la préparation de la conférence nationale de la vie associative prévue en 2009. Des mesures qui visent à soutenir « directement et immédiatement la croissance interne dans la mesure où elles concernent des activités économiques créatrices d'emplois (pas d'investissement), à dimension non lucrative (qui ne rémunère aucun capital privé) et de nature non délocalisable ».
Premier axe de propositions : répondre à l'augmentation des besoins sociaux due à la crise par un « plan national de développement des services sociaux d'intérêt général avec le secteur privé non lucratif ». La CPCA souhaite dans cet objectif ouvrir des concertations sectorielles nationales « sur les besoins de la population prioritairement identifiés » et établir des conventions de financements pluriannuels d'objectifs pour 2009-2012 avec les différents ministères concernés. Second axe : répondre à la montée du chômage par un « plan emploi durable » dans les associations. Celui-ci impliquerait la « renégociation nationale et sectorielle du plan emploi aidé 2009 dans une logique pluriannuelle permettant une aide aux postes d'encadrement, un accompagnement et une formation des emplois aidés ». Sur ce point, la CPCA attend toujours de s'entendre avec le gouvernement sur les conditions de recrutement des emplois aidés supplémentaires décidés au mois d'octobre dernier. « Il y a un paradoxe à créer 100 000 emplois aidés et à réduire des financements qui entraînent des suppressions d'emplois qualifiés », commente Jacques Henrard.
Les associations de solidarité, elles, plaident plus spécifiquement pour un « plan de relance sociale » en direction des personnes vulnérables, particulièrement fragilisées par la crise, devenue sociale. Si les risques d'une relance générale par la consommation sont connus (augmentation de l'épargne, alourdissement du déficit commercial...), expliquant le parti pris du gouvernement pour l'investissement, « ces risques sont infiniment moindres, voire inexistants, si c'est en direction des plus faibles et des structures qui veillent sur eux que se concentre une partie de l'effort de la puissance publique », analyse Dominique Balmary, président de l'Uniopss. Il est ainsi temps, réclament les 37 associations membres d'Alerte, d'accélérer la revalorisation des minima sociaux, « et notamment du montant forfaitaire du RSA [revenu de solidarité active] et de l'allocation de solidarité spécifique », d'augmenter les durées d'indemnisation des demandeurs d'emploi, de favoriser l'accès de ces derniers aux dispositifs de formation (3), d'investir fortement dans l'accompagnement social et professionnel, de porter le plafond de ressources de la couverture maladie universelle complémentaire à la hauteur du seuil de pauvreté, ou encore de favoriser une production massive de logements très sociaux. « Les plus pauvres et les plus exclus ne doivent pas être les oubliés des négociations entre pouvoirs publics et partenaires sociaux », insiste le collectif. Un « plan de relance sociale » ciblé aurait plusieurs effets bénéfiques, ajoute Dominique Balmary : il aurait des conséquences positives sur la consommation et sur l'emploi, puisque les domaines sanitaire, social et médico-social en constituent un gisement important. Surtout, il éviterait des accrocs supplémentaires dans un tissu social déjà bien abîmé.
(2) CPCA : 28, place Saint-Georges - 75009 Paris - Tél. 01 40 36 80 10.
(3) Solidarités nouvelles face au chômage formule particulièrement plusieurs demandes : que la question de l'accès des demandeurs d'emploi à la formation professionnelle fasse l'objet d'un examen global, que soient rendus publics les montants que les OPCA, l'Unedic, les régions et l'Etat comptent mettre à disposition de Pôle emploi pour cette action, que la coordination régionale des financeurs et des prescripteurs préconisée par le « Grenelle de l'insertion » soit organisée et que les demandeurs d'emploi soient représentés au Conseil national de la formation professionnelle tout au long de la vie et au Conseil national d'évaluation de la formation professionnelle.