Pourquoi une nouvelle classification du handicap ?
Ce n'est pas en soi une nouvelle classification. C'est une version pour les enfants et les adolescents de la classification internationale du fonctionnement, du handicap et de la santé (CIF) publiée par l'OMS en 2001 et qui concernait l'ensemble de la population, sans distinction d'âge (2). Cette dernière ne contenait pas de catégories assez précises pour décrire les problématiques des enfants et des adolescents. Dès 2001, un groupe de travail international s'est mis en place pour proposer des catégories à ajouter à la CIF. L'objectif étant de fournir davantage de catégories descriptives pour approcher les 20 premières années de la vie, qui se caractérisent par une croissance rapide et des transformations importantes au niveau du développement physique, social et psychologique et de nombreux changements dans les environnements.
En quoi cette classification permet-elle de décrire le fonctionnement d'un enfant ou d'un adolescent ?
Il ne s'agit pas de définir l'individu en posant sur lui un diagnostic, mais effectivement de décrire le fonctionnement d'une personne en examinant une pluralité de facteurs. La classification propose une approche systémique qui considère le handicap comme le produit de l'interaction entre quatre dimensions : les fonctions et les structures du corps ; les activités liées à la vie quotidienne ; la participation à la vie sociale ; les facteurs environnementaux. La CIF-EA introduit des éléments qui tiennent compte des différents stades de développement de l'enfant de 0 à 18 ans, mais aussi de son environnement (familial, scolaire...) aux différents âges.
Quels ajouts comporte-t-elle ?
La CIF compte 1 454 catégories. Dans la CIF-EA, 340 catégories y ont été ajoutées et/ou modifiées dans les quatre dimensions. Ainsi, dans les fonctions organiques, on trouve par exemple des éléments concernant la puberté ou la fonction de régulation de la croissance. Dans la dimension « activités et participation », on trouve des catégories liées au fait d'apprendre, d'acquérir le langage ou des compétences (lire, écrire, calculer), d'apprendre à travers des actions, d'acquérir des concepts. Une attention est portée sur le jeu. Des catégories qui concernent le fait d'exprimer le besoin de manger, de boire, d'uriner. D'autres sont présentées en termes de capacité à « aider à préparer le repas », « aider à faire le ménage ». Enfin, dans les facteurs environnementaux, apparaissent maintenant les aides techniques utilisées pour permettre à l'enfant de jouer (une voiture téléguidée ou l'adaptation d'un terrain de jeu).
A quoi servent les « codes qualificatifs » ?
Toutes les catégories de la CIF ou de la CIF-EA ne prennent leur sens que si on leur ajoute des « codes qualificatifs » qui permettent d'évaluer la gravité d'un dysfonctionnement dans chacune des dimensions. La CIF-EA comporte un code qualificatif supplémentaire relatif au rythme de développement de l'enfant. Il permet de traduire un décalage ou un retard dans l'apparition des fonctions ou des structures du corps, dans l'acquisition d'un apprentissage ou la réalisation d'une activité.
Comment cette classification peut-elle être utilisée ?
La CIF comme la CIF-EA sont des normes internationales. Elles sont conçues pour engendrer un changement social à travers un changement de regard sur le handicap. En France, la CIF a été une des références pour l'élaboration de la loi « handicap » de 2005. La CIF-EA peut être utilisée par les cliniciens, les éducateurs, les chercheurs, les administrateurs, les décideurs politiques et les parents pour décrire les caractéristiques du fonctionnement des enfants et des adolescents et pour la défense de leurs droits.
(1)