Les fragilités multiples et le manque d'information multiplient les obstacles à l'accès aux soins et aux droits sociaux des femmes chinoises qui se prostituent à Paris. D'où la nécessité d'une prise en charge adaptée, demande Médecins du monde, qui a réalisé une étude sur les quatre sites d'intervention de son « Lotus bus » (1), dont la mission est d'accompagner ces migrantes.
Les pressions financières, souvent dues à la scolarité des enfants (90 % ont au moins un enfant en Chine), poussent le plus souvent ces femmes originaires du Nord-Est, fortement touché par le chômage, à cette « migration de rupture ». Peu nombreuses, âgées de 42 ans en moyenne, arrivées récemment (plus d'un tiers depuis moins de un an), elles sont particulièrement isolées. Fortement endettées pour venir sur le territoire, sans droit au travail et ne parlant que le chinois, elles ont été économiquement contraintes de se prostituer. Leurs mauvaises conditions de vie, la barrière de la langue, la précarité de leur statut administratif et leur méconnaissance des dispositifs français les placent dans un état de dépendance envers les intermédiaires peu scrupuleux qui monnaient l'aide à l'accès aux droits sociaux.
La plupart (75 %) ont une perception positive de leur santé, ce qui explique en partie qu'elles ne vont pas consulter de façon préventive, même sur le plan gynécologique. Conséquence de la politique chinoise de l'enfant unique, elles sont sensibilisées à la contraception tout en ayant une connaissance limitée des moyens existants. Ayant connu par ailleurs un certain « conservatisme moral », elles sont peu informées sur les moyens de prévention contre le VIH. Plus d'un tiers disent avoir déjà eu des infections sexuellement transmissibles.
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