Recevoir la newsletter

LE SSAE veut devenir une plate-forme ressources sur les migrations

Article réservé aux abonnés

Après avoir failli mettre la clé sous la porte, l'ancien Service social d'aide aux émigrants, devenu Soutien, solidarité et actions en faveur des émigrants, entend faire valoir son expertise afin de dépasser les approches réductrices sur les migrations.

Le SSAE (Soutien, solidarité et actions en faveur des émigrants) (1) serait-il passé à côté de sa « deuxième mort », selon l'expression de Bernard Wallon, son directeur ? Après « être mort une première fois », en avril 2005, lors du transfert de ses missions de service public à l'Agence nationale de l'accueil et des migrations (2), le Service social d'aide aux émigrants, qui a continué son activité associative sous un autre nom, a bien failli ne pas voir l'année 2009.

Un appel aux dons

Pour la première fois, le 5 décembre dernier, Frédéric Tiberghien, Catherine Withol de Wenden et Stéphane Hessel, respectivement président, présidente du comité scientifique et membre du comité d'honneur du SSAE, lançaient une campagne d'appel aux dons afin d'« assurer la survie de l'association ». Celle-ci « ne peut se résoudre à mourir sans avoir tenté l'impossible », écrivaient-ils, renvoyant à la fin janvier la décision de continuer ou d'interrompre l'activité. Conforté par les nombreux soutiens reçus (notamment de personnalités comme Edmond Maire ou Edgar Morin) et les appuis d'associations ou d'organismes donnés ou réitérés à cette occasion, le conseil d'administration a finalement décidé, le 27 janvier, de poursuivre l'aventure. Convaincu que le SSAE, qui oeuvre depuis 1926 dans le domaine de l'asile et des migrations, occupe, en raison de son aptitude à « favoriser la réflexion et le dialogue avec tous les acteurs concernés (collectivités territoriales, administrations, syndicats, associations, entreprises), une place singulière au sein de la société civile ».

C'est d'ailleurs cette conviction qui anime les administrateurs depuis ce qu'ils appellent « la nationalisation par l'Etat des activités de service public » de l'association en 2005. « Sa mission d'aide et de protection des migrants, particulièrement les plus fragiles, et son combat pour le respect des droits et contre les discriminations conservent toute leur actualité alors que s'aggravent les problèmes de logement des étrangers, d'obtention du statut de réfugié », expliquait, à l'époque, aux ASH, Frédéric Tiberghien (3). C'est ainsi que l'association a poursuivi son action selon des modalités différentes. Afin de contribuer au débat public sur la place des étrangers, elle a renforcé sa présence au sein de différentes institutions et associations, publié des articles et organisé des rencontres et des colloques, créant à cette fin un comité scientifique. Par ailleurs, elle a développé son offre de services (formations, études, conseil) en direction des intervenants sociaux, des associations, des collectivités territoriales et de divers organismes.

Néanmoins, avec le transfert de ses activités de service public, l'Etat a mis la main sur 3 des 4 millions d'euros de fonds propres dont elle disposait, ainsi que sur son personnel, ses locaux et ses équipements. Et malgré la relance des abonnements de sa revue Accueillir (750 abonnements en 2008 contre 0 en 2006), et les recettes de ses différentes prestations et autres produits, l'association n'a pas pu éviter le licenciement de deux personnes en 2007 (elle compte trois postes et demi aujourd'hui). Et surtout, elle a dû puiser sur sa réserve de un million d'euros pour financer les pertes des exercices de la période-test de trois ans qu'elle s'était fixée. « Il reste 150 000 € auxquels on ne peut plus toucher, si l'on veut payer les personnels et le loyer », explique Bernard Wallon. Et de constater, plutôt amer, qu'en dehors d'une aide de l'Agence nationale pour la cohésion sociale et l'égalité des chances (28 000 € en 2008), l'association ne reçoit aucun soutien significatif des nouvelles agences mises en place par l'Etat pour s'occuper des questions d'immigration et d'intégration.

Un autre modèle économique

Pour réussir le pari de la relance, le SSAE, qui table sur un budget prévisionnel d'environ 340 000 € en 2009, doit parvenir « à lever avec certitude 200 000 € cette année et au moins 120 000 € en 2010 », selon les membres du conseil d'administration. Ce qui suppose, explique Bernard Wallon, que l'on passe à « un autre modèle économique pour avoir les reins plus solides ». C'est ainsi qu'outre le renforcement du travail avec les collectivités territoriales et divers organismes et l'augmentation des financements privés (dons, mécénat en publicité, cotisations), l'association mise sur le renforcement de son engagement dans le débat public.

Elle souhaite devenir « une plate-forme ressources sur les migrations » avec l'idée de consacrer une partie de ses travaux à l'élaboration d'une politique alternative des migrations. Car « il nous semble que le débat public sur les migrations et les politiques publiques repose sur une représentation de l'immigré réductrice », défend Yannick Blanc, membre du conseil d'administration. « Il ne s'agit pas de concurrencer les associations, ni d'être tribunicien, tient à préciser Bernard Wallon, mais de produire de la connaissance et de l'analyse critique. Sachant que la connaissance est aussi subversive. » Première initiative dans ce cadre : la rédaction d'un « Livre vert des migrations » fin 2009 pour « rendre accessibles » les faits, les témoignages et les controverses permettant de comprendre une réalité complexe et mal connue. Cet ouvrage collectif - qui sera d'abord un forum sur le site Internet du SSAE (4) - pourrait être suivi d'un « Livre blanc » début 2011 avec, cette fois, des propositions de politiques publiques.

Notes

(1) SSAE : 10-18, rue des Terres-au-Curé - 75013 Paris - Tél. 01 76 74 75 65.

(2) L'ANAEM a fusionné les moyens du service social d'aide aux émigrants et de l'Office des migrations internationales.

(3) Voir ASH n° 2434 du 16-12-05, p. 46.

(4) www.ssae.net.

Sur le terrain

S'abonner
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client 01.40.05.23.15

par mail

Recruteurs

Rendez-vous sur votre espace recruteur.

Espace recruteur