Interpellé le 4 février lors de la séance des questions au gouvernement, à l'Assemblée nationale, Brice Hortefeux, ministre du Travail et de la Famille, a cherché à calmer la grogne des associations du Planning familial à la suite de la réduction des crédits d'Etat. « Je m'engage à maintenir l'effort budgétaire permettant au Planning familial d'assurer ses missions », a-t-il assuré. Un discours repris, le 10 février, par Nadine Morano, secrétaire d'Etat à la famille, qui a confirmé que les crédits accordés par l'Etat au conseil conjugal et familial (sur lesquels sont financées les actions d'information et d'éducation à la sexualité du Planning mais aussi d'autres associations) ne chuteront pas en 2009. Reste que la démonstration par les chiffres du gouvernement n'est guère convaincante.
Celui-ci semble toutefois vouloir atténuer la baisse des crédits d'Etat affectés au conseil conjugal et familial. Alors que le Planning s'alarmait de les voir passer de 2,5 millions d'euros à 1,5 million dans la loi de finances pour 2009, Brice Hortefeux parle de 2,2 millions d'euros. Ce réajustement résulterait-il alors d'un redéploiement de crédits à l'intérieur de l'action consacrée à « l'accompagnement des parents dans leur rôle de parents », dont dépend la ligne du conseil conjugal et familial ?
Mais à ces 2,2 millions d'euros, le gouvernement ajoute d'autres crédits qui feraient porter, selon lui, à 2,9 millions d'euros les sommes allouées par l'Etat aux activités du Planning familial, laissant à penser au final que ses financements seraient même en augmentation. Le mouvement pourrait compter ainsi en plus sur 430 000 € versés par le ministère de Brice Hortefeux et sur 380 000 € au titre du ministère de la Santé. « Brouillage et amalgame », rétorque Marie-Pierre Martinet, secrétaire générale du mouvement. « Ces crédits sont destinés à des programmes spécifiques menés au niveau national sur des sujets comme la lutte contre les violences faites aux femmes, les femmes et le sida... Mais ce ne sont pas des subventions de fonctionnement pour les centres du Planning ! », réagit-elle. Enfin, Nadine Morano ajoute que les financements de l'Etat « se combinent avec le soutien de la CNAF et des collectivités territoriales ». « Mais ces dernières n'interviennent que ponctuellement. Quant à la CNAF, ce serait une première qu'elle intervienne sur l'éducation et l'information à la sexualité !, ajoute Marie-Pierre Martinet. Tout ce brouillage des chiffres ne fait que masquer le désengagement de l'Etat et ne répond pas à la question de fond : veut-il maintenir le droit à l'information et à l'éducation sexuelle ? » Le mouvement entend bien obtenir des éclaircissement lors de son rendez-vous du 19 février avec Brice Hortefeux.
Signe d'ailleurs que le gouvernement n'a guère réussi dans sa tentative d'apaiser la tension : des associations d'éducation à la sexualité, de soutien à la conjugalité et à la parentalité (1), ont annoncé le 11 février qu'elle formaient avec le Planning un collectif pour protester contre le retrait de l'Etat de ce secteur. « Plusieurs DDASS nous ont déjà averties de la baisse ou de la suppression des subventions pour 2009 », expliquent-elles, démentant ainsi les chiffres présentés par Brice Hortefeux et Nadine Morano.
(1) Dont Familles rurales, l'Association française des centres de consultation conjugale, l'Ecole des parents.