Le taux d'emploi des personnes handicapées est lié à une attitude volontariste des entreprises, estime l'Agefiph (Association de gestion du fonds pour l'insertion professionnelle des personnes handicapées) dans une étude sur les facteurs d'évolution de l'emploi des travailleurs handicapés (1). Une analyse qui s'appuie sur une enquête menée en 2008 auprès de 1 500 établissements de 20 salariés et plus du secteur privé (2).
Selon les résultats de cette enquête, le taux d'emploi direct des personnes handicapés dans les entreprises interrogées était en moyenne de 2,9 %, avec des variations sensibles. Ainsi, alors que 36 % des établissements n'employaient aucun travailleur handicapé, 14 % d'entre eux dépassaient l'obligation légale de 6 %. Un taux d'emploi variant en fonction de la taille de l'établissement (plus élevé dans les structures de 100 à 249 salariés) et du secteur d'activité (plus élevé dans l'industrie que dans le commerce).
En 2007, deux tiers des établissements employaient des personnes en situation de handicap, dont 65 % embauchées en tant que travailleur handicapé et 35 % reconnues handicapées au cours de leur carrière. Dans 45 % des cas, les recrutements ont fait suite à une offre d'emploi à laquelle une personne handicapée a répondu, et dans 39 % des cas à une candidature spontanée. Ainsi, « même si l'entreprise a une politique volontariste, elle dépend de l'initiative et de la qualité des candidatures ». Les établissements qui ont embauché des personnels handicapés sont le plus souvent ceux qui connaissent les aides à l'emploi et ceux qui ont une bonne connaissance des acteurs de l'insertion dans le domaine du handicap tels que les Cap emploi. Un tiers des établissements interrogés a déclaré avoir mis en place une politique ou une démarche particulière pour employer ou maintenir dans l'emploi des personnes handicapées. Pour les autres, l'embauche résulte d'un concours de circonstances.
Autre enseignement apporté par l'enquête : « le travailleur handicapé est de moins en moins défini par son identité personnelle (parcours de vie, vécu du handicap...), et de plus en plus par son identité professionnelle (parcours dans l'emploi, compétences...) ». Ainsi, les trois quarts des entreprises interrogées ont indiqué que les travailleurs handicapés sont « des personnes comme les autres », sous réserve que les postes de travail soient aménagés afin « d'optimiser leurs compétences » (3). Des déclarations à prendre avec précaution, souligne néanmoins l'étude, car « cette vision professionnellement positive peut être interprétée comme une diminution des préjugés des employeurs, mais aussi comme un discours de convenance visant à nier la différence ». D'autant que les entreprises interrogées ont fait état de « freins ou préjugés faisant obstacle à l'emploi des travailleurs handicapés, [tels que] : la crainte de coûts supplémentaires et d'une productivité plus faible, l'idée que les postes de l'entreprise sont inadaptables [...] ». Et signalé leur réticence face à certains types de handicap, plus particulièrement le handicap psychique.
Reste que, parmi les établissements souhaitant embaucher des travailleurs handicapés, près de la moitié ont indiqué avoir besoin d'une aide particulière pour ces recrutements. La principale étant de disposer de davantage de candidatures (50 %), devant les conseils (38 %), les aides financières (18 %) et le tutorat (12 %).
(1) « Le taux d'emploi direct des personnes handicapées masque des dynamiques diversifiées » - Tendances n° 12 - Janvier 2009 -Disp. sur
(2) Cette enquête a été suivie d'entretiens qualitatifs auprès de 15 établissements sur les freins à l'emploi et les leviers, ainsi que sur leur perception du handicap.
(3) Pour 17 % des employeurs, c'est la motivation particulière de la personne handicapée qui joue en sa faveur et, pour 8 % d'entre eux, la personne handicapée est un « facteur de lien social » .