LE MÉDICO-SOCIAL À LA CASSE ? En économie, « rationaliser » ne signifie pas « rendre rationnel », mais « organiser une activité pour la rendre la plus rentable possible ». Il n'empêche : quand on constate que cette opération contribue à faire perdre de vue les finalités de ladite activité, on peut s'interroger sur la « rationalité » d'un tel système - au sens alors premier du terme. C'est ce que fait le sociologue Michel Perrier, formateur en institut de travail social, qui analyse « la grande casse du médico-social ». Comme l'ensemble du secteur de la santé, explique-t-il, le médico-social est soumis à une logique de marchandisation. Celle-ci s'est d'abord traduite « par une réduction progressive des budgets de fonctionnement - les «enveloppes limitatives régionales» -, [...] puis par de multiples transformations touchant à la législation, aux pratiques et aux références cliniques ». Dans un souci de rationalisation - des dispositifs, des coûts, des fonctionnements, des ressources humaines, etc. -, les institutions du secteur ont ainsi été conduites à importer dans leurs murs un monde procédural qui leur était jusqu'alors étranger. Sous couvert d'une neutre technicité, celui-ci privilégie - et impose - une conception de l'homme et des rapports sociaux peu compatibles avec la dimension du souci des autres revendiqué par les militants associatifs et les professionnels du médico-social. C'est ce « glissement progressif » de la clinique vers des préoccupations essentiellement gestionnaires qui est ici méthodiquement démonté.
Du souci des autres à l'autre comme souci. La grande casse du médico-social - Michel Perrier - Ed. L'Harmattan - 15,50 €