Parmi les assistants sociaux de l'Education nationale, la pilule passe mal. En juin 2007, ils déploraient seulement 20 créations de postes en quatre ans et en réclamaient 4 000 sur trois ans (1). Mesure qui aurait signifié la reconnaissance de leurs missions. Or leur demande est restée lettre morte et aucun poste supplémentaire n'a depuis été budgété, déplorent le Syndicat national unitaire des assistants sociaux de la fonction publique (SNUAS-FP)-FSU (2) et le Syndicat national des assistants sociaux de l'Education nationale (Snasen)-UNSA (3). Ils sont aujourd'hui environ 2 800, certains professionnels pouvant intervenir dans dix établissements par semaine. Dans ce contexte, l'annonce, le 22 janvier, par le ministre de l'Education nationale, du recrutement de 5 000 « médiateurs de réussite scolaire » en contrats aidés dans certains quartiers (voir ce numéro, page 14), irrite les organisations syndicales. Un effet d'affichage, qui, selon elles, ne permettra pas d'apporter une réponse efficace au problème complexe de l'absentéisme scolaire.
« La multiplicité des dispositifs de vitrine et le recrutement de personnels sous-qualifiés et précaires pour régler les questions liées à la jeunesse montrent à quel point le secteur social et éducatif est délaissé par les politiques », s'indigne le SNUAS-FP, selon lequel les dispositifs à tonalité répressive prennent le pas sur l'accompagnement des familles. En outre, les assistants sociaux sont soumis à des règles déontologiques, « qui garantissent aux élèves et à leurs familles des méthodes d'intervention respectueuses de leur vie privée ».
La circulaire du 11 septembre 1991, qui définit l'organisation et les missions des assistants sociaux de l'Education nationale, leur confie notamment un rôle d'« insertion scolaire et sociale », d'« intégration », de « protection », et situe leur action dans le cadre « d'un renforcement général du dispositif de prévention », ajoute le Snasen. Ces professionnels sont pour l'heure les seuls de l'Education nationale à être habilités à se rendre au domicile des élèves, mais « la baisse constante des budgets alloués aux frais de déplacement du service social scolaire » ne facilite pas ce type d'intervention qui devrait être attribué aux futurs médiateurs. Les deux syndicats appellent donc le ministère à donner au service social scolaire des moyens à la hauteur des problèmes sociaux et éducatifs rencontrés dans les établissements et à ne pas confier à d'autres ce qui relève de leurs missions. Au risque de voir ces dernières oubliées ou rendues illisibles.
(2) SNUAS-FP-FSU : 104, rue Romain-Rolland - 93260 Les Lilas - Tél. 01 41 63 27 55.
(3) Snasen-UNSA : 87 bis, avenue Georges-Gosnat - 94853 Ivry-sur-Seine cedex -