Vous voilà chargé de défendre les intérêts des écoles de travail social. Un changement de posture ?
De fait, en répondant à la sollicitation des présidents de l'Aforts et du GNI, je me retrouve de l'autre côté de la barrière. Mais c'est moins une rupture qu'une continuité. J'avais, en effet, avec les représentants des centres de formation des relations de travail étroites et confiantes et le travail d'accompagnement que nous avions mis en place m'a toujours semblé très positif. Je n'ai donc pas le sentiment de travailler à front renversé, parce qu'il n'y avait pas de front, tout juste quelques frictions. Mais sur ce plan, je crois que les services centraux de l'Etat sont plus près des écoles de travail social que de certains services ministériels, avec lesquels il n'y a pas toujours convergence ! J'ajoute que je serai bientôt plus disponible puisque, avec la création des agences régionales de santé, certains directeurs d'ARH auront une nouvelle affectation. C'est donc l'occasion pour moi de revenir dans un secteur qui m'intéresse, et que je n'avais jamais totalement oublié.
En tant que DAS, vous aviez obtenu des avancées importantes pour les centres de formation, en partie balayées par la régionalisation des formations. Un sentiment de gâchis ?
Pas du tout. C'est vrai que nous avons donné une assise juridique à ce secteur dans le cadre de la loi contre les exclusions de 1998 - ce qui, je le précise, n'avait jamais été discuté dans les réunions préparatoires. C'est vrai aussi que la décentralisation n'a pas permis de mettre en oeuvre le schéma de rénovation financière qui était proposé. J'ai pourtant la faiblesse de penser que les conseils régionaux ont plutôt bien accueilli ce transfert et considéré que le dispositif était globalement en bon état. La décentralisation n'est pas forcément un « gâchis », comme on l'entend parfois. Elle peut s'accompagner d'une meilleure qualité et écoute, voire d'un engagement financier plus important.
Vous allez oeuvrer à inscrire l'appareil de formation dans l'enseignement supérieur européen, sur le modèle des grandes écoles. Un objectif très ambitieux ?
Mais les formations sociales ont suffisamment de légitimité pour que nous soyons ambitieux ! L'Europe n'est plus une fiction, nous y sommes. Alors, sortons de notre cadre hexagonal et de la confrontation entre centres de formation et universités, David contre Goliath, et regardons les modèles mis en place par les autres pays européens, comme les hautes écoles spécialisées belge et suisse ! Mais cet objectif ne se réalise pas en deux ans.
L'autre orientation, c'est la professionnalisation des métiers de l'aide à la personne...
Il y a dix ans, on en parlait déjà, mais avec des moyens dérisoires. La DAS ne disposait que d'un cinquième de poste pour suivre le secteur de l'aide à domicile ! Je pense que les conseils régionaux seront davantage présents sur ce secteur. Cela dit, nous n'atteindrons pas cet objectif sans mettre l'accent sur la qualification des personnes !
Avec la disparition prochaine de la DGAS, n'allez-vous pas perdre un interlocuteur du côté de l'Etat ?
Bien au contraire ! Le regroupement de la DGAS avec d'autres directions au sein de la direction générale de la cohésion sociale (3) me semble une excellente chose. J'avais toujours essayé - avec à l'époque l'appui de Simone Veil, ministre des Affaires sociales, de la Santé et de la Ville - de rapprocher les travailleurs sociaux de la politique de la ville.
Quel est votre état d'esprit ?
Sans a priori. Mais ce que je ferai, je ne le ferai pas à moitié.
(1) L'Union nationale des associations de formation et de recherche en intervention sociale qui fédère l'Aforts et le GNI - Voir ASH n° 2588 du 26-12-08, p. 5. Composition du bureau consultable sur
(2) Il a notamment été DDASS et DRASS et adjoint au directeur des hôpitaux.