Les politiques familiales des temps libres et des activités périscolaires des caisses d'allocations familiales (CAF) sont « adaptées pour les familles dont les enfants sont d'âge scolaire, et à reconstruire pour celles dont les enfants sont au collège et au lycée ». En effet, « les outils contractuels qui reposent sur une logique d'activités par le financement de nombre de places ou d'heures sont moins adaptés au fonctionnement en projet attendu par les jeunes, par les professionnels et par les élus ». C'est ce qui ressort d'une enquête de la caisse nationale des allocations familiales (CNAF) menée en 2007 et 2008 auprès de familles, de jeunes, d'élus et de partenaires (1), dont l'objectif était de mesurer les effets des contrats temps libres instaurés en 1998 et des contrats enfance jeunesse qui leur ont succédé en 2006 (2).
L'enquête pointe en particulier « l'insuffisance et l'inadaptation des activités » proposées aux 13-18 ans. Ces jeunes demandent une présence ou un encadrement souvent sous-estimés par leurs parents, les élus et les professionnels, un encadrement qu'ils apprécient pourtant, note la CNAF en s'appuyant sur des expériences locales (activités libres comme les cyber espaces et les espaces jeunes, présence des animateurs le soir...). Dans ce cadre, estime la caisse, les maisons de quartier, les centres sociaux ou encore les actions solidaires représentent des « lieux ressources » et autant d'« expériences qui contribuent à construire un sentiment d'identité collective utile aux jeunes dans un contexte de mutation économique ou sociale ».
Plus globalement, parents, professionnels et élus se disent « désemparés face aux attentes des jeunes », malgré l'existence de « lieux importants de débat et d'écoute », tels que les conseils de jeunes ou de quartiers. Associant souvent les jeunes aux problèmes de conduite à risques et d'incivilités, les élus préconisent « le développement des accueils des jeunes, l'encadrement d'animateurs de rue, la transmission de valeurs ». Et suggèrent pour ce faire d'« organiser la réflexion par exemple autour d'une charte de bonne conduite, d'adapter les outils, de diffuser l'expertise, d'organiser la mutualisation des expériences d'autres communes ». Finalement, notent les élus, la problématique des loisirs se transforme en objectifs de « comportement, et de transmission de valeurs et d'ambitions ».
Quoi qu'il en soit, un constat s'impose : « pour tous les publics, le défaut d'équipement génère un sentiment d'isolement et d'injustice, en particulier si les familles vivent en milieu rural ou urbain défavorisé », souligne l'étude. Ce qui permet à la CNAF d'affirmer que des efforts restent à faire en termes d'accessibilité notamment, un constat appuyé par les améliorations souhaitées par les parents (conditions d'implantation des équipements, accessibilité par des transports collectifs...). Malgré tout, deux tiers des élus reconnaissent que « la contractualisation est déterminante pour structurer l'offre d'équipements » et la moitié d'entre eux que le contrat temps libres a eu des effets significatifs sur la création d'accueil de loisirs ou le comportement des jeunes. Au final, la contractualisation est un « mode d'action pertinent, efficace, structurant pour dynamiser les problématiques locales, et a un effet d'entraînement », se félicite la CNAF. Qui souligne toutefois la nécessité, pour elle, d'« approfondir les objectifs, d'assouplir les dispositifs, de les adapter aux spécificités locales et aux territoires ruraux, de rapprocher les partenaires, de valoriser la qualification et la formation des professionnels ».
(1) E-ssentiel n° 81 - Janvier 2009 - « La contractualisation avec les CAF : quelle contribution à la construction collective d'une politique enfance jeunesse » - Disponible sur