PRÉCAIRES AUX CÔTÉS DES PRÉCAIRES. Depuis l'instauration du revenu minimum d'insertion, les dispositifs en la matière se sont adjoint la collaboration de « nouveaux intervenants sociopsychiques », explique Christian Laval, cofondateur de l'Observatoire national des pratiques en santé mentale et précarité (ONSMP-Orspere). Qui sont ces professionnels chargés d'amener les individus vulnérabilisés à travailler sur eux-mêmes afin de recouvrer leur autonomie ? Il y a parmi eux quelques infirmiers, éducateurs, animateurs et formateurs, mais la plupart sont des psychologues, majoritairement des femmes qui travaillent à temps partiel et ont souvent des statuts précaires, malgré un haut niveau de qualification, répond le sociologue à partir de l'enquête qu'il a effectuée dans les départements de la région Rhône-Alpes. Ces professionnels qui, sur de nombreux sites, ne disposent pas de bureau, mais « nomadisent » en fonction des espaces disponibles, présentent certaines ressemblances avec les usagers qu'ils accompagnent : leurs propres parcours sont hachés, décousus, parsemés d'obstacles et marqués par des ruptures biographiques et professionnelles. Mais, précisément, chez eux la « galère » ne s'est pas muée en plainte. Au contraire, les intéressé(e)s insistent sur leur capacité à rebondir. Peut-être est-ce en cela aussi qu'ils se révèlent qualifiés pour aider les usagers en panne d'insertion à « s'en sortir », souligne l'auteur - c'est-à-dire « à sortir du dispositif durablement et dans un temps raisonnablement correct ».
Des psychologues sur le front de l'insertion. Souci clinique et question sociale - Christian Laval - Erès - 15 €