Le 20 janvier, Chorum (1) a rendu publics les principaux résultats de son enquête sur les initiatives d'accueil collectif des enfants handicapés dans les structures ordinaires de l'animation ou de la petite enfance (2). Le traitement des 659 questionnaires - émanant de collectivités locales, d'institutionnels et d'acteurs de terrain du secteur de la petite enfance - met en évidence les obstacles à l'intégration des enfants en situation de handicap.
L'accueil dans une structure du milieu ordinaire leur permet de s'épanouir et de progresser au contact d'enfants qui suivent une progression plus classique. En même temps, ces enfants bousculent les repères des professionnels, qui doivent vaincre leur peur « de ne pas savoir faire ». L'appréhension des parents ayant un enfant en situation de handicap de se voir essuyer un refus, mais aussi la crainte, du côté des responsables de structures, du regard des autres familles et des effets que cela pourrait avoir sur la fréquentation de leur établissement, restent également très présentes. Conséquence : les parents d'enfants handicapés se censurent, se mettent en retrait de la vie professionnelle et s'occupent eux-mêmes de leur enfant. D'où une sous-estimation des besoins réels. C'est dans les secteurs péri et extrascolaire (culture, vacances, sport) qu'il reste le plus d'efforts à faire, insiste l'étude.
L'analyse des données montre que les questions d'ordre matériel, logistique et financier peuvent aussi constituer des obstacles. Mais lorsque les élus adhèrent aux enjeux d'intégration, les moyens techniques, humains et financiers suivent.
L'étude distingue les principaux leviers permettant de réussir l'accueil des enfants en situation de handicap : l'information, le travail sur les représentations du handicap auprès des équipes, l'accessibilité des locaux, le travail en réseau entre le milieu ordinaire et le secteur spécialisé, le travail sur l'échange des pratiques.
Même si on est loin de la généralisation sur le territoire national, l'enquête met au jour de multiples initiatives qui facilitent l'intégration des jeunes handicapés. Ainsi, à Lyon, a été mis en place un pôle de ressources pour les professionnels ; dans l'Isère un point accueil information orientation sur l'offre existante est à la disposition des parents. On trouve aussi des projets à l'intérieur même des structures : des méthodes pédagogiques adaptées, des outils de formation, échanges d'expériences...
« Si la loi du 11 février 2005 rend obligatoire l'accueil des enfants en situation de handicap dans les structures de droit commun, entre la loi et la pratique, c'est le grand écart. Il faut poursuivre la formation des équipes sans en faire non plus des professionnels du handicap », défend Sylvie Kaczmarek, chef de projet « ingénierie sociale » à Chorum.
Au vu des résultats de l'enquête, ses initiateurs lancent l'appel à projets « Développer et favoriser des initiatives en faveur de l'accueil en milieu ordinaire des enfants en situation de handicap » (3). Celles-ci devront privilégier des accueils de jeunes enfants « mixtes » et concerner tout ou partie des différents handicaps : sensoriel, moteur, déficience intellectuelle, troubles psychiques, et présenter une démarche participative avec les enfants handicapés et valides, les familles et les professionnels.
(1) Nom de l'offre de produits et de services dédiée aux acteurs de l'économie sociale initiée par les groupes Médéric et Mutualité française prévoyance. Sur le lancement de l'étude, voir ASH n° 2553 du 11-04-08, p. 37.
(2) « S'épanouir ensemble : développer l'accueil en milieu ordinaire » - Cirèse-Chorum-Malakoff Médéric, 2008 - Synthèse disponible sur
(3) Les projets doivent être déposés entre le 30 janvier et le 31 mars à Chorum : Sylvie Kaczmarek - 56-60, rue Nationale - 75649 Paris cedex 13 -