Qu'attendiez-vous des négociations entre les partenaires sociaux sur la réforme de la formation professionnelle ?
Une remise à plat des systèmes de formation était nécessaire pour l'ensemble des salariés. Mais il y a aussi une problématique particulière pour les travailleurs handicapés ou malades, les plus démunis en matière de formation professionnelle. On rencontre bien souvent, à la FNATH, des personnes confrontées à des problèmes d'inaptitude ou de maintien dans l'emploi qui ont des besoins spécifiques de formation. Je ne suis pas sûr que les négociations en aient tenu compte, contrairement à ce qui avait été annoncé à grand renfort de communication avec le « Pacte pour l'emploi des personnes handicapées » lors de la Conférence nationale du handicap (2). La FNATH n'a même pas été consultée, ni informée... Il ne faut pas oublier les personnes handicapées !
Quel est l'état des lieux de la formation professionnelle pour ces personnes ?
Il n'est pas bon. Des choses existent, mais, le plus souvent, il y a inadéquation entre ce qui est proposé et les besoins réels. Par exemple, la majorité des travailleurs handicapés ont plus de 45 ans, mais la formation professionnelle à l'intention des seniors est insuffisante. Par ailleurs, les salariés handicapés n'ont pas forcément accès à la formation professionnelle continue en entreprise. Non pas qu'on la leur interdise, mais souvent on ne les tient pas au courant de leurs droits ou bien ces personnes craignent qu'une demande de formation soit défavorable pour la suite de leur carrière.
Enfin, les centres de formation ne sont pas adaptés aux personnes handicapées en termes de moyens et de pédagogie et ne souhaitent pas forcément mettre en place de politique dans ce domaine. Je pense que les partenaires sociaux, puis l'Etat, devraient entamer une réflexion pour adapter les locaux et les supports de formation, et pour mettre en adéquation les formations proposées avec le marché du travail.
Y a-t-il néanmoins des points des négociations que vous jugez satisfaisants ?
Effectivement, le texte d'accord, soumis à la signature du patronat et des syndicats, prévoit, pour les publics les plus éloignés de l'emploi - bénéficiaires de contrats aidés, contrats d'insertion, etc. -, une « préparation opérationnelle à l'emploi » de 400 heures permettant d'acquérir un minimum de compétences professionnelles pour occuper un poste. Les personnes handicapées, qui ont souvent des contrats précaires, pourraient en bénéficier, sous réserve que cette mesure soit adaptée à leurs besoins.
Quelles sont les attentes de la FNATH ?
La formation professionnelle doit être un axe de développement de l'emploi des personnes handicapées, dont le taux de chômage est plus de deux fois supérieur à celui de l'ensemble des personnes de 15 à 64 ans (3). Elle permet à ceux qui n'ont pas obtenu de diplômes d'avoir droit à une seconde chance. Il faut donc débloquer une enveloppe pour financer la rémunération des stagiaires de la formation professionnelle, l'adaptation des formations, des postes... Mais nous demandons déjà que soient mises en oeuvre les dispositions de la loi du 4 mai 2004 relative à la formation professionnelle tout au long de la vie et au dialogue social, qui fixe un objectif de progression de l'accès des personnes handicapées à la formation continue, et de la loi « handicap » de 2005, qui prévoit des politiques concertées de formation professionnelle. Nous regrettons que les négociations n'aient pas été l'occasion de faire un bilan de ces dispositions.
(1) FNATH : 47, rue des Alliés - 42030 Saint-Etienne cedex 2 - Tél. 04 77 49 42 42.