Le 27 novembre dernier, 90 % des salariés-écoutants du service de téléphonie sociale « Drogues, alcool, tabac, info, service » (DATIS) étaient en grève. Parmi les éléments de crispation, la disparition de la prime de précarité pour les écoutants en contrat à durée déterminée (CDD). A la suite de cette mobilisation, « les personnes conservent leur prime au moins jusqu'à ce que le statut des personnels soit arrêté », explique Béatrice Bazès, de la CGT.
Au coeur du conflit : le changement de statut des salariés. Lors de la création en 1990 du groupement d'intérêt public (GIP), ceux-ci étaient embauchés en contrat de droit privé, les membres fondateurs ayant pu définir librement le statut du GIP. Or, s'appuyant sur une jurisprudence (« arrêt Berkani ») qui, à partir de 1996, a précisé les contours du statut applicable aux GIP, le gouvernement entend appliquer aux salariés, à partir du 1er janvier 2009, les règles de droit public au motif qu'il s'agit d'un service public à caractère administratif. Cette « transposition », précise Danièle Dehayes, directrice générale du service, a donné lieu, pendant un an, à « un travail de collaboration avec les organisations syndicales, pour construire un projet de statut collectif se référant aux dispositions applicables aux agents non titulaires de la fonction publique d'Etat ».
De fait, les salariés ont obtenu, lors du conseil d'administration du 12 décembre, de participer à la clarification des grilles de salaires, qui devrait avoir lieu début 2009. Il s'agit toutefois d'une satisfaction temporaire car « nous ne savons pas si les CDD seront pérennisés », précise Béatrice Bazès. Laquelle redoute également que ce changement de statut soit l'occasion d'une nouvelle précarisation des emplois. En 2006, un plan de sauvegarde de l'emploi s'était déjà traduit par des licenciements d'écoutants (sur les 26 en CDI, il n'en reste que 6). Dans le même temps, les CDD de un à six mois ont été multipliés et « le nombre d'écoutes n'a pas diminué ». C'est contre « cette précarisation croissante des postes d'écoutants » que les salariés se mobilisent, affirme Sandra Samson, de la CGT, alors que « certains voient leur CDD renouvelé depuis plus de 12 ans ».
Parmi les autres sources d'inquiétudes : le cumul avec d'autres emplois qui est rendu impossible par le passage au droit public pour les salariés qui travaillent à plus de 50 % pour DATIS. Et le devenir des cinq pôles régionaux que la direction, selon les salariés, « pourrait faire disparaître ».
Sous tutelle de la direction générale de la santé depuis 2008, DATIS devrait être intégré progressivement au sein de l'INPES (Institut national de prévention et d'éducation pour la santé), une perspective qui nourrit encore le sentiment « d'être trimballé », précise Sandra Samson, qui s'interroge : « Quelle sera la politique de l'INPES ? »