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Les professionnels et usagers s'opposent à l'approche sécuritaire de la psychiatrie

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Les mesures annoncées par Nicolas Sarkozy après le drame de Grenoble ont jeté le trouble parmi les psychiatres et les représentants des usagers par leur focalisation sur les questions d'ordre public et de sécurité, comme l'ont déjà montré de nombreuses réactions (1). En faisant « l'amalgame entre maladie mentale et délinquance, maladie mentale et dangerosité », elles portent « atteinte au travail inscrit depuis de nombreuses années par les professionnels », estime l'Association nationale des CEMEA (2). La psychiatrie de secteur, rappelle-t-elle, a érigé en principe la notion de « continuité » des soins dans la prise en charge de la souffrance psychique de la personne : « continuité comme capacité contenante de l'écoute de celui qui souffre, et continuité comme dispositif des moyens humains de l'équipe soignante sur un territoire et dans une conception du soin humaniste ».

Or, déplore l'association, « nous assistons au démantèlement d'une psychiatrie «au service du public» au profit d'une psychiatrie des approches neurologiques et comportementales [...] qui dénient le sujet souffrant dans sa globalité, dans son histoire et sa dignité d'homme ». Expliquant que « la hiérarchie gestionnaire des symptômes est [devenue] l'indicateur du curseur des «temps» nécessaires au soin », l'association souligne que « beaucoup de personnes malades se retrouvent trop vite et trop tôt à la rue ». Dans trop de services, « faute de temps soignant suffisant, des malades sont sous antipsychotiques à hautes doses » et « des personnes hospitalisées sont soumises plus fréquemment à la contention physique et/ou à l'isolement ». Pour les CEMEA, ce n'est pas seulement une réorganisation de la politique de soin qui s'opère, mais « la mise en place d'une autre conception politique du rapport à l'autre souffrant de sa folie, cette «pathologie de la liberté» ».

Dans un communiqué commun, une quinzaine de syndicats et d'associations de soignants, de familles et d'établissements (3) rappellent que la sécurité de tous - patients, familles, soignants, citoyens - est l'une des préoccupations de la pratique soignante en psychiatrie. Et que la grande majorité du million et demi personnes qui, chaque année, ont recours à ses services « ne présente aucun danger ». Aussi « afin de lever tout malentendu », les signataires formulent-ils plusieurs propositions de réforme. Ils réclament une « explicitation » par les pouvoirs publics de la politique en psychiatrie et santé mentale intégrant les travaux de la commission Couty sur l'organisation des prises en charge en psychiatrie et santé mentale et le parcours des soins des patients, ainsi qu'une réforme de la loi du 27 juin 1990 veillant à l'équilibre entre qualité des soins, respect des libertés individuelles et sécurité des citoyens. « A cet égard la possibilité de soins sans consentement en ambulatoire et la création de quatre unités pour malades difficiles évoquées par le président de la République répondent à un réel besoin », reconnaissent les organisations. Elles demandent également la poursuite de l'humanisation des hôpitaux psychiatriques « dans une cohérence d'ensemble où les moyens de sécurité ne remplaceront jamais un personnel compétent en nombre suffisant ». Enfin, elles souhaitent une spécialisation des personnels infirmiers, des mesures spécifiques sur la démographie médicale et un soutien effectif aux familles et proches aidant les personnes malades.

Notes

(1) Voir ASH n° 2582 du 21-11-08, p. 31, n° 2585 du 5-12-08, p. 17 et 41, et n° 2586 du 12-12-08, p. 38.

(2) Association nationale des CEMEA : 24, rue Marc-Seguin - 75883 Paris cedex 18 - Tél. 01 53 26 24 24.

(3) Dont le CASP, l'Unafam, la FEHAP, la FNAP-Psy, la FFP, l'AFP, le SPF, la FHF.

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