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« La PMI ne doit pas être marginalisée ! »

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Dans un manifeste, le Syndicat national des médecins de PMI tire la sonnette d'alarme sur les difficultés de ce service public. A la réduction des moyens s'ajoute le risque d'instrumentalisation de sa mission de prévention, explique Pierre Suesser, président du syndicat (1).
La protection maternelle et infantile est donc en danger ?

Nous l'avions déjà dit, il y a trois ans, lors du 60e anniversaire de la PMI. Mais rien n'a changé ! L'Etat n'impulse plus aucune politique nationale de prévention et de promotion de la santé familiale et infantile. Aussi, faute de régulation, on observe des disparités considérables entre les départements dans la mise en oeuvre de la PMI. Un grand nombre d'entre eux ont ainsi simplement supprimé ce service public. Celui-ci se fond alors dans les unités territoriales d'action sociale et se voit réduit, selon les choix des conseils généraux, à la protection de l'enfance ou à l'action sociale. Sa vocation universelle - qui s'adresse à toutes les familles - et généraliste - par son approche globale de la santé - est remise en cause. Sans compter que la moitié des départements ne respecte pas la norme d'une consultation hebdomadaire pour 200 enfants et un quart d'entre eux d'une puéricultrice pour 250 naissances ! Ce qu'a aussi dénoncé l'IGAS dans son rapport sur la PMI en 2006 (2).

Une façon de faire des économies sur le dos de la PMI ?

Il est clair, selon les chiffres de l'IGAS, qu'elle n'est ni la priorité des conseils généraux, ni celle des autres financeurs. Alors que l'Etat n'a pas réévalué sa dotation depuis 1983, l'assurance maladie n'apporte qu'un dixième des ressources, soit 60 millions d'euros. Le budget global consacré à ce service était de 605 millions d'euros en 2005, une goutte d'eau par rapport aux 10 milliards d'euros affectés à la prévention dans la dépense nationale de santé !

Que demandez-vous ?

Nous demandons, comme le prévoit le code de la santé publique, un service de PMI dans chaque département, distinct du service d'action sociale. Le médecin responsable doit être en mesure d'assurer pleinement l'encadrement des équipes, ce qu'il ne peut pas faire s'il est un conseiller technique dépendant du directeur de l'action sociale. Nous proposons également de créer une instance nationale placée auprès du ministère de la Santé pour débattre avec tous les acteurs concernés des politiques de promotion et de protection de la santé familiale et infantile. C'est indispensable pour donner une impulsion nationale.

Vous restez très mobilisés sur la nécessité de ne pas confondre prévention et dépistage...

L'idée relancée le 1er décembre par Frédéric Lefebvre, porte-parole de l'UMP, de détecter les troubles du comportement chez l'enfant dès le plus jeune âge pour prévenir la délinquance nous invite à redoubler de vigilance ! Grâce à une large mobilisation, nous avions obtenu que de telles dispositions soient retirées du projet de loi sur la prévention de la délinquance. Nous manifesterons la même opposition si ce relent sécuritaire devait resurgir. Car le risque est toujours présent. On l'a bien vu lors de la discussion sur le projet de loi sur la protection de l'enfance : le Parlement a retenu l'instauration d'« un bilan psychosocial systématique » au 4e mois de grossesse alors que nous avions demandé qu'un entretien prénatal précoce ne soit pas imposé, mais puisse être systématiquement proposé. On voit également fleurir dans certaines écoles des grilles d'évaluation de comportement, inspirées du Canada, afin de faire « repérer » par les enseignants les difficultés de l'enfant. Nous ne sommes évidemment pas opposés au dépistage mis en oeuvre par des professionnels de santé dans le cadre d'une prévention globale. Mais pas quand il se confond avec la prédiction dans une dynamique déterministe, qui corsète le regard et l'action des acteurs ! Pas quand il ne s'intéresse qu'aux symptômes et quand il criminalise de plus en plus tôt les comportements !

Vous vous inquiétez également du projet de loi « hôpital, patients, santé, territoires »...

Ce texte prévoit une commission de coordination des politiques de prévention sans faire référence explicitement à la PMI. Nous craignons que celle-ci soit à nouveau marginalisée. On voit bien comment la prévention globale qu'elle assure depuis 60 ans pourrait être supplantée par les campagnes d'information ciblées sur l'obésité, le diabète, etc. La PMI, qui a fait largement ses preuves, doit prendre toute sa place en articulation avec les autres acteurs de la santé, de la famille et de l'enfant.

Notes

(1) Le manifeste est intitulé « Alerte ! La prévention en santé familiale et infantile a besoin d'une PMI alerte » - SNMPMI : 65/67, rue d'Amsterdam - 75008 Paris - Tél. 01 40 23 04 10.

(2) Voir ASH n° 2483 du 8-12-06, p. 5.

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