« La situation des personnes handicapées mentales est dramatique », alerte l'Unapei (Union nationale des associations de parents, de personnes handicapées mentales et de leurs amis) (1), qui a saisi l'occasion de la journée internationale des personnes handicapées du 3 décembre pour alerter les pouvoirs publics sur de nombreux sujets préoccupants, au premier rang desquels la situation des personnes handicapées vieillissantes.
C'est notamment le manque de structures adaptées qui l'inquiète, d'autant que ces publics « subissent souvent un vieillissement plus précoce que leurs concitoyens valides ». Or, lorsqu'ils ne sont pas renvoyés dans leur famille par l'établissement - dont l'agrément ne permet pas d'accueillir les résidents après 60 ans -, ils n'ont d'autre solution que la maison de retraite, qui ne peut répondre à leurs besoins spécifiques. A ce problème s'ajoute celui des ressources. Après 60 ans, l'allocation aux adultes handicapés (AAH) disparaît et l'allocation de solidarité aux personnes âgées (ASPA), qui prend le relais, lui est moins favorable. D'où la nécessité, pour l'Unapei, de permettre aux personnes handicapées mentales de bénéficier de l'AAH tout au long de leur vie.
Par ailleurs, l'organisation a obtenu, en juin dernier, la condamnation de l'Etat à publier dans un délai de quatre mois le décret d'application de la loi « handicap » de 2005, qui doit fixer le taux d'incapacité (autour de 80 %) à partir duquel toute personne handicapée accueillie en maison de retraite a le droit de conserver la régime spécifique d'aide sociale qui lui est propre, plus favorable que celui réservé aux personnes âgées (2). « Voilà qui permettra aux personnes handicapées de bénéficier, quel que soit leur âge, des mêmes règles d'aide sociale à l'hébergement dès lors qu'elles justifieront d'un taux d'incapacité de 80 % », souligne l'Unapei, qui « exige » la parution de ce texte avant la fin janvier 2009. Pour éviter toute rupture dans la prise en charge, elle souhaite que les structures actuelles soient autorisées à garder les personnes handicapées de plus de 60 ans, mais aussi que soient développées de nouvelles solutions d'accueil adaptées.
Un autre sujet de préoccupation concerne la scolarisation des enfants handicapés à l'école ordinaire, qui « ne se fait pas dans de bonnes conditions », précise Thierry Nouvel, directeur général de l'Unapei. Il souhaite donc une meilleure information et formation des enseignants - 4 % seulement sont formés à l'accueil des enfants handicapés - et un statut « digne de ce nom » pour les auxiliaires de vie scolaire. L'organisation revient également sur le manque de liaisons entre l'Education nationale et les établissements médico-sociaux. Là encore, le décret officialisant cette collaboration n'est toujours pas paru et l'Unapei n'exclut pas, s'il le faut, de former à nouveau un recours devant le Conseil d'Etat.
Enfin, dernière inquiétude, l'introduction de la procédure d'appel à projets préalable à l'autorisation de création d'établissements dans le projet de loi « hôpital, patients, santé, territoires ». L'association, qui entend bien peser dans le débat parlementaire au début de l'année prochaine, prépare ses propositions d'amendement.
(1) Unapei : 15, rue Coysevox - 75018 Paris - Tél. 01 44 58 50 50.