Près de 1,7 million de personnes de 18 à 60 ans - soit 4,8 % de la population majeure - ont déclaré avoir subi au moins un acte de violences physiques (hors vols et hors violences sexuelles) en 2007 et 2008, plus de 46 % de ces faits s'étant déroulés au sein d'un ménage. Pour autant, le taux de plaintes est resté faible. Tel sont les principaux constats du rapport annuel 2008 de l'Observatoire national de la délinquance (OND) rendu public le 18 novembre, qui s'appuie sur deux enquêtes de victimation « cadre de vie et sécurité » réalisées en collaboration avec l'INSEE auprès de plusieurs milliers de personnes (1).
Les hommes et les femmes sont victimes de violences à part égale, indique l'OND. Le type de violence diffère toutefois selon le sexe. Ainsi, les femmes sont principalement victimes de leur entourage tandis que les hommes sont davantage victimes d'agresseurs inconnus. Dans le détail, les quelque 870 000 femmes victimes en deux ans ont subi, pour plus de 60 % d'entres elles, des violences dans leur ménage, alors que cela a été le cas pour moins d'un tiers (32,5 %) des 810 000 hommes victimes. Plus globalement, d'après leurs déclarations, près de 80 % des femmes victimes ont été visées par une connaissance personnelle. L'auteur d'au moins un acte de violence est le conjoint ou l'ex-conjoint pour un peu plus de 40 % d'entre elles et un membre de la famille pour un peu plus de 20 %. En revanche, moins de 18 % ont été visées par une personne inconnue. La tendance est inversée pour les hommes victimes. Alors que près de 44 % ont subi au moins un acte de violence d'un inconnu, moins de 15 % ont été visés au moins une fois par un membre de la famille ou un conjoint.
Les plus jeunes sont la catégorie de la population la plus exposée aux violences physiques - les 18-25 ans pour les hommes et les 18-24 ans pour les femmes - et cela décroît avec l'âge, note encore l'observatoire.
Autre constat : les personnes de 18 à 60 ans séparées ou divorcées déclarent plus fréquemment que les autres avoir subi des violences physiques en 2007 et 2008. Il en est de même pour les familles monoparentales - par rapport aux autres types de ménage -, les personnes au chômage - plus touchées que les actifs ayant un emploi - ou encore les « personnes des ménages locataires », qui déclarent avoir subi deux fois plus de violences physiques sur ces deux dernières années que les personnes des ménages propriétaires de leur logement, hors accédants (6,7 % pour les locataires hors HLM et 6,4 % pour ceux en HLM, contre 3,3 % pour les propriétaires de leur logement).
Renforçant un préjugé, l'OND note par ailleurs que plus de 7 % des personnes interrogées habitant dans une zone urbaine sensible ont déclaré avoir été victimes de violences physiques alors que moins de 3,5 % l'ont été dans les zones rurales.
Enfin, l'observatoire souligne le faible taux de plaintes. Ainsi, seulement environ 20 % des personnes qui se sont déclarées victimes ont déposé une plainte pour l'un au moins des actes subis en 2007 et 2008. Une fréquence qui varie peu selon le sexe.
(1) La synthèse du rapport annuel de l'OND ( La criminalité en France - Institut national des hautes études de sécurité - Novembre 2008) sera prochainement disponible sur