Deux tiers des ménages à bas reve nus ne disposent pas d'un micro-ordinateur et 80 % d'entre eux n'ont pas accès à Internet. Mais ce sont aussi les usages des technologies de l'information et de la communication (TIC) qui excluent une partie de la population, explique Benoît Genuini, président de l'Agence nationale des solidarités actives (ANSA) (1). « Cette fracture de l'usage » touche les personnes qui, pour différentes raisons (freins psychologiques, sensibilité, niveau d'éducation...), ne disposent pas des connaissances nécessaires pour accéder aux outils numériques. Sans compter que ceux-ci représentent un gisement d'emplois considérable. En Europe, on estime qu'il manque 500 000 personnes qualifiées dans ce secteur.
Fortes de ces constats, l'ANSA et la délégation aux usages de l'Internet (DUI) ont lancé en avril dernier un groupe de réflexion composé de 29 personnes d'horizons divers (chercheurs, industriels, représentants de collectivités locales et d'associations, titulaires du RMI) qui ont planché sur la question du développement des usages des TIC. Six projets d'expérimentations sociales on été retenus et présentés le 6 novembre, lors du lancement officiel du programme « TIC et insertion ». Avec, en ligne de mire, trois objectifs : favoriser par les TIC l'insertion sociale et professionnelle des personnes en difficulté, développer des plans d'actions avec les acteurs locaux et faire de ces outils numériques une composante « systématique et incontournable » des politiques d'insertion. Les six projets ciblent les personnes en insertion (bénéficiaires du revenu de solidarité active, jeunes de moins de 26 ans, personnes en recherche d'emploi...), mais aussi les publics âgés et les travailleurs pauvres. Tous reposent sur des partenariats entre collectivités locales, entreprises privées, associations, universités, organismes de formation... Ces dispositifs entendent associer systématiquement les personnes concernées à leur conception.
Un premier projet, « reconditionnement d'ordinateurs et formation au service de l'insertion », vise à équiper les personnes en difficulté de micro-ordinateurs à coût réduit et à offrir un emploi aux publics en insertion par la création d'un centre local de rénovation et de services. La deuxième expérimentation consiste à équiper des foyers en matériel informatique avec un service à domicile (assistance technique et accompagnement) accessible à des tarifs sociaux.
Troisième projet, la création d'un portail Internet « Avec Par et Pour » les personnes en insertion (2). Ciblé sur les publics en insertion et les professionnels, il regroupe l'ensemble de l'offre d'insertion d'un territoire. Un autre dispositif a pour objectif de créer des plateformes uniques d'accueil rassemblant, au sein d'un même espace public, des services TIC et des services touchant à l'insertion.
Enfin, dans le souci de former aux nouveaux métiers de l'informatique, deux projets se concentrent sur la création d'une offre de formation ajustable aux besoins des publics en difficulté. A la maîtrise de l'Internet et de la bureautique, s'ajouteront des formations professionnalisantes aux métiers des TIC en fonction des besoins identifiés par les employeurs locaux.
Certains projets de ce programme sont déjà en cours d'expérimentation dans la Haute-Corse, dans l'Eure ou dans la Manche. Microsoft, à travers la signature d'une convention avec l'ANSA, s'est engagé pour sa part, à hauteur de 350 000 dollars, à promouvoir le développement des six expérimentations.
(1) ANSA : 1, passage du Génie - 75012 Paris - Tél. 01 43 71 39 48 -
(2) A l'image du site paris-insertion.org, qui reçoit plus de 3 000 visiteurs par an.