« Le budget du ministère du Logement et de la Ville ne nous paraît pas à la hauteur des enjeux, ce qui est grave dans cette période de crise économique où il serait au contraire important de soutenir le bâtiment et les quartiers les plus défavorisés. » Tel est le jugement de l'Uniopss (Union nationale interfédérale des oeuvres et organismes privés sanitaires et sociaux), qui analyse le budget consacré à la mission « Ville et logement » dans le projet de loi de finances (1), actuellement examiné au Parlement.
Si l'association se félicite des augmentations de crédits pour l'hébergement d'urgence et les centres d'hébergement et de réinsertion sociale (CHRS), en sous-dotation chronique, la cohérence des moyens déployés en faveur des sans-abri et des mal-logés est, selon elle, loin d'être garantie, faute de réponses suffisantes pour assurer la fluidité des parcours. Le budget de l'Etat pour le logement (auquel s'ajoutent les ressources de l'ANAH et de l'ANRU) est, en effet, en baisse de 7 % pour les trois prochaines années. Alors que la loi sur le droit au logement opposable prévoyait 142 000 logements sociaux pour 2009, le projet de loi n'en compte que 120 000 (contre 145 000 programmés en 2008, mais dont seulement 100 000 ont été financés). Sans compter qu'une part importante de ces logements n'est pas destinée aux populations les plus défavorisées.
Par ailleurs, la hausse de 12 % en 2009 des crédits du programme « prévention de l'exclusion et insertion des personnes vulnérables » n'empêche pas certaines inquiétudes. Les crédits de l'hébergement d'urgence passent de 149 millions à 234 millions d'euros en 2009. Cependant, souligne l'Uniopss, si les 250 millions d'euros annoncés par voie de circulaire en application du « Chantier prioritaire 2008-2012 » ont été débloqués par l'Etat « au moins à hauteur de 192 millions d'euros pour la partie concernant l'hébergement, force est de constater que nombre d'acteurs de terrain se voient refuser des projets faute de financements disponibles ». L'objectif des 5 000 transformations de places d'hébergements d'urgence en places de stabilisation sera atteint d'ici à 2009 et plus de 9 000 places d'hébergement d'urgence pourront être financées l'année prochaine, conformément aux préconisations du député Etienne Pinte. Mais l'Uniopss s'inquiète d'une nouveauté dans le projet de loi : la transformation, parmi celles existantes, de 600 places de stabilisation en places de résidences sociales et de maisons-relais. « A quelle logique correspond cette nouvelle orientation, prise sans concertation, alors que le cahier des charges prévoit clairement que les places de stabilisation ont vocation à devenir des places de CHRS ? » Le budget consacré aux CHRS est également en hausse. « Mais il s'agit surtout de financer sur cette enveloppe la transformation de places d'urgence et de stabilisation. Le coût moyen à la place diminue : il s'agit donc, pour 2009, d'une diminution de la base budgétaire qui aura des conséquences en termes de qualité de prise en charge. »
L'Uniopss déplore, par ailleurs, la baisse de près de 8 % des crédits de la direction générale de l'action sociale destinés à l'animation de la politique de lutte contre l'exclusion. Celle-ci aura, selon elle, des conséquences sur les conventions passées avec les associations de lutte contre la pauvreté. Le budget du ministère pour la politique de la ville baisse quant à lui de près de 25 %. Le plan « Espoir banlieues » (financé néanmoins par plusieurs ministères) risque dans ces conditions de rester « un catalogue de bonnes intentions, mais non financées ».
Bonne nouvelle cependant : dans le programme « aide à l'accès au logement », les crédits destinés au financement des associations sont en hausse pour la première année depuis 2006 (de 8 millions à 8,3 millions d'euros). Cette augmentation arrive à point nommé à l'heure de la mise en oeuvre de la loi DALO, se réjouit l'Uniopss, qui demande que l'Etat prenne en compte les surcroîts d'activité liés à l'accompagnement des publics dans l'élaboration des dossiers de recours.
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