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« Un conseil de prospective pour participer au débat public »

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L'Uniopss (Union nationale interfédérale des oeuvres et organismes privés sanitaires et sociaux) (1) a installé le 16 octobre un conseil de prospective, dont la mission sera de favoriser l'analyse de l'évolution des politiques sociales et d'ancrer la réflexion associative dans le débat public. Explications de Dominique Balmary, président de la fédération.
Pourquoi créer ce conseil ?

Le projet est né d'un constat : dans la période bousculée que nous vivons, il devient difficile de discerner, d'une part, les évolutions des besoins sociaux et, d'autre part, les fondements de l'évolution actuelle des politiques sociales. Quelle est la cohérence de toutes les réformes en cours ? Nous avons besoin de mieux observer ces mouvements afin d'anticiper sur des réalités qui se construisent. Il s'agit à la fois de rendre un service aux adhérents en facilitant leur réflexion, et, comme l'Uniopss l'avait souhaité lors de son dernier congrès de 2007, de participer davantage au dialogue civil. En officialisant des passerelles avec des chercheurs et des experts, nous voulons connecter l'analyse de notre actualité à celle de la société, et ainsi être plus présents dans le débat public.

Il existait déjà une instance plus restreinte...

Un conseil de prospective existait en effet déjà au sein de l'Uniopss, présidé par Philippe Ligneau, professeur honoraire à l'université de Poitiers, qui a préparé notre dernier congrès sur la solidarité. Mais il ne comprenait que quatre membres et avait une mission strictement interne à l'organisation. La nouvelle instance, présidée par Robert Lafore, professeur à l'Institut d'études politiques de Bordeaux (2), a des missions et une composition élargies. Elle comprend 11 membres : des sociologues, comme Serge Paugam et Jean-Claude Barbier, des économistes, comme Edith Archambault, des praticiens, tels Marie-Thérèse Join-Lambert, inspectrice générale honoraire des affaires sociales, et Jérôme Vignon, directeur de la protection sociale et de l'intégration à la Commission européenne, ainsi que des professionnels de terrain - représentants des Uriopss et adhérents nationaux. Jean-Michel Bloch-Lainé, ancien président de l'Uniopss et administrateur, en fait également partie.

Sur quels thèmes vont porter les réflexions ?

La première mission du conseil de prospective sera de réfléchir au thème du prochain congrès de l'Uniopss, en janvier 2010. Au-delà, beaucoup de sujets nous préoccupent : le financement de la protection sociale dans un monde qui se financiarise, la place de la solidarité publique, la répartition entre responsabilité individuelle et collective, la place du non-lucratif dans le secteur social alors que la concurrence, héritée du droit européen, met les associations en position de sous-traitants... Les thèmes de travail du conseil seront arrêtés lors de sa prochaine réunion, le 1er décembre, en accord avec le conseil d'administration. Le fruit de ses réflexions a vocation à être diffusé dans des publications.

Ces communications seront donc plus politiques que techniques ?

L'Uniopss prend déjà des positions qui sont à la fois techniques et politiques, comme, par exemple, le maintien des principes de l'ordonnance de 1945. Les équipes s'investissant énormément sur les réformes qui arrivent, l'objectif est de rééquilibrer ce travail en faveur d'une réflexion sur le long terme, en accomplissant parallèlement deux exercices complémentaires, mais différents. Quelles conséquences par exemple des évolutions démographiques sur les politiques sociales ? Le vieillissement de la population, on le sait, a mal été anticipé. De même, comment mobiliser les publics en difficulté sur le marché du travail ? Certes, des études existent, mais peu concernent le secteur associatif. L'enjeu est également de comprendre les soubassements théoriques des politiques sociales, d'articuler la doctrine et le concret. Le débat récurrent sur l'offre raisonnable d'emploi renvoie à l'équilibre entre responsabilité collective et responsabilité individuelle. La récupération sur succession, suggérée dans le cadre de l'allocation personnalisée d'autonomie, également. Ce type d'orientation se retrouve-t-il de façon transversale dans d'autres segments des politiques sociales ? Quelle en est la signification ?

Souhaitez-vous par ces travaux être mieux entendus des pouvoirs publics ?

Ce n'est pas la mission première du conseil, qui n'a pas non plus vocation à être un lieu d'alerte. En participant au dialogue civil, nous espérons néanmoins combattre certaines résistances culturelles. Le regard sur la pauvreté, par exemple, mériterait d'évoluer, comme est en train de changer depuis une dizaine d'années le regard sur le handicap.

Notes

(1) Uniopss : 15, rue Albert - 75013 Paris - Tél. 01 53 36 35 00.

(2) Notamment co-auteur de Droit de la sécurité sociale - Ed. Dalloz - Septembre 2008.

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