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Tableau de bord de la pauvreté : une avancée qui reste perfectible

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La publication, le 15 octobre par Martin Hirsch, du tableau de bord de suivi de la pauvreté (voir ce numéro, page 11), constitue, pour les associations, une avancée. Satisfaite d'avoir obtenu un outil « multidimensionnel » qui dépasse le simple objectif de réduire d'un tiers la pauvreté monétaire en cinq ans, ATD quart monde demande ainsi que ces données soient publiées chaque année à l'occasion de la journée du refus de la misère. Un moyen, se félicite-t-elle, de rendre compte des engagements de l'Etat et de créer un débat de société sur la lutte contre la pauvreté.

Restent néanmoins des déceptions, en particulier sur le choix de l'indicateur « central » du baromètre : le taux de pauvreté « ancré dans le temps », critiqué par la mission d'information du Sénat sur les politiques de lutte contre la pauvreté et l'exclusion (1) comme par l'Observatoire national de la pauvreté et de l'exclusion sociale. Le cabinet de Martin Hirsch, explique Bruno Tardieu, délégué national d'ATD quart monde, voulait écarter le danger de la pauvreté relative (seuil fixé à 60 % du revenu médian), qui peut amener à « compter toujours autant de personnes en dessous du seuil de pauvreté quand tout le monde s'enrichit ». Il a donc opté pour une valeur « semi-absolue », 817 € (le seuil actuel), corrigée de l'inflation. Problème, contestent les détracteurs de la méthode, ce calcul ne prend pas en compte l'augmentation des niveaux de vie en raison de la croissance. « Selon cet indicateur, la pauvreté a diminué de 22 % ces cinq dernières années, avant même que le RSA ne soit mis en oeuvre », alors que, selon le critère actuel, elle est resté stable entre 2002 et 2005, souligne Bruno Tardieu.

Les associations se réjouissent néanmoins que le Haut Commissariat ait aussi accepté de mesurer la pauvreté en retenant le seuil de 40 % du revenu médian (544 € ). Alors qu'avait été prévue parmi les objectifs à atteindre, dans un premier tableau de bord en juillet, la stabilité de ce taux (3,1 % en 2006), une diminution de 5 % est désormais projetée dans cinq ans. Une ambition somme toute très modeste pour cette portion de la population qui, elle, augmente (+ 14 % entre 2002 et 2005). « Une mesure comme le RSA devrait faire progresser tout le monde de la même manière », insiste Bruno Tardieu.

Même s'il est complété par des indicateurs complémentaires, l'indicateur principal du taux de pauvreté « ancré dans le temps » risque donc de biaiser les résultats, abonde Nicole Maestracci. La présidente de la FNARS regrette en outre que les objectifs du gouvernement ne mentionnent pas la réduction des écarts entre les plus riches et les plus pauvres. « Or la commission «familles, vulnérabilité, pauvreté» avait bien précisé que le RSA n'aurait de sens que si l'on réduisait les inégalités. »

Tout en saluant l'effort entrepris, « nous regrettons qu'aucun progrès ne soit programmé sur trois autres indicateurs très importants : l'intensité de la pauvreté, le taux d'effort des bénéficiaires de l'aide au logement et le nombre de ménages surendettés », ajoute Bruno Grouès, conseiller technique à l'Uniopss. Celle-ci attend en outre que les politiques publiques de lutte contre la pauvreté concernent l'ensemble des personnes pauvres, en activité ou non. Sur ce point, l'annonce par Martin Hirsch d'un « fonds d'expérimentations » de 10 millions d'euros pour les jeunes, écartés du RSA, ne semble pas à la hauteur des besoins. « On annonce des dispositifs, alors que la situation des 18-25 ans mériterait qu'on en fasse une politique prioritaire », estime Nicole Maestracci.

Notes

(1) Voir ASH n° 2566 du 11-07-08, p. 13.

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