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Médiation sociale : l'idée d'une professionnalisation fait son chemin mais la reconnaissance reste à conquérir

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Créé en 2000, le dispositif « adultes-relais » vise à améliorer, dans les territoires prioritaires de la politique de la ville, les relations entre les habitants de ces quartiers et les services publics, ainsi que les rapports sociaux dans les espaces publics ou collectifs. Le travail de médiation donne lieu à la signature de conventions entre l'Etat et les employeurs et à la conclusion de contrats aidés pour les bénéficiaires. Si le dispositif était d'abord circonscrit au secteur associatif, depuis 2001 il peut être mis en oeuvre par les collectivités territoriales et certains établissements publics. Malgré cet élargissement et la relance du dispositif en 2006, le nombre de conventions signées restent en deçà des objectifs initiaux. Les principaux utilisateurs demeurent toujours les petites associations et les personnes recrutées restent à 60 % des femmes et ont à 50 % un niveau équivalent ou supérieur au baccalauréat.

Afin de comprendre les logiques de mise en oeuvre du dispositif et d'examiner la professionnalisation des salariés, le Centre d'études de l'emploi (CEE) a, en 2005 et 2006, mené 67 entretiens auprès d'employeurs et de bénéficiaires (1). Cette étude confirme la grande variété de formes du travail de médiation et la difficulté à définir le métier de médiateur et à construire des compétences spécifiques.

Quatre idéaux types d'usage du dispositif « adultes-relais » sont ainsi définis. Le premier concerne des actions de médiation sociale centrées sur l'accompagnement individuel des personnes avec une conception professionnelle des interventions. Elles sont mises en oeuvre par des associations d'action sociale ou d'insertion, ou encore par des institutions publiques (mairies ou collèges). Dans ces cas de figure, l'évolution professionnelle des salariés est fortement contrainte par les textes statutaires de la fonction publique ou les conventions collectives, qui imposent le recrutement de personnels détenteurs d'un diplôme de travail social.

Deuxième type, la médiation sociale et culturelle mise en oeuvre par des petites associations de quartier créées à l'initiative de militants ou encore par des femmes-relais. La démarche articule une relation d'accompagnement des habitants auprès des institutions et un militantisme visant à faire reconnaître les identités culturelles. Depuis 1995, toute une réflexion s'est engagée sur la formation des femmes-relais et la reconnaissance de cette fonction, qui amènera à la création en 2004 du titre de « technicien médiation services », homologué au niveau IV. Accueilli toutefois avec scepticisme par certains professionnels de l'action sociale - pour l'essentiel des assistants sociaux (qui critiquent le contour mal défini des interventions et le fait que les personnes ne sont pas soumises au secret professionnel) -, ce titre n'est toujours pas mentionné dans les conventions ou les accords collectifs. En outre, il ne relève pas des métiers du travail social, mais d'une activité de service.

Enfin, l'étude distingue deux autres figures caractérisant une médiation destinée à peser sur les institutions ou à faire émerger un espace de citoyenneté. La première concerne des actions menées par des associations de quartier, créées à des fins militantes par des travailleurs sociaux, afin d'obtenir des institutions une transformation de leurs relations avec les populations. La deuxième renvoie à des associations militantes qui proposent des formes d'intervention alternatives au travail social individuel en s'appuyant sur le partage d'expérience entre les médiateurs et les usagers et sur des actions collectives auprès des élus (par exemple, des associations de « santé communautaire » ou d'habitants créées à la suite d'actes de violence dans leur quartier). Dans ce type de médiation, l'expérience acquise, le cas échéant reconnue par la VAE (validation des acquis de l'expérience), peut constituer un tremplin vers un métier social et sanitaire.

Au final, et au fur et à mesure de l'ancienneté du dispositif « adultes-relais », l'idée d'une professionnalisation dans la médiation fait son chemin, souligne l'étude. Néanmoins, celle-ci dépend de l'engagement des personnes dans une procédure d'accès à un diplôme, de la capacité des employeurs à soutenir leurs efforts (ce qui est difficile pour les petites associations) et, aussi, de la mobilisation des pouvoirs publics pour accompagner le projet professionnel des personnes en contrat aidé. Sachant que l'obtention d'un titre reconnu et transférable n'a d'intérêt que si des débouchés existent sur le marché du travail. Enfin, il ne peut y avoir de professionnalisation que si les emplois, pour une fonction jugée utile par les diverses parties prenantes, peuvent bénéficier de financements pérennes. Autant de conditions qui restent encore à réunir.

Notes

(1) « Usages de la médiation et processus de professionnalisation dans le dispositif adultes-relais » - Premières synthèses informations n° 41.1 - Octobre 2008 - DARES - Disponible sur www.travail-solidarite.gouv.fr.

LE SOCIAL EN ACTION

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