Quel avenir pour l'INJEP (Institut national de la jeunesse et de l'éducation populaire) (1) ? Le collectif des personnels « Que vive l'INJEP ! », qui rassemble les syndiqués du SEP (Syndicat de l'éducation populaire)-UNSA, du SGEN (Syndicat général de l'Education nationale)-CFDT, des non-syndiqués et des partenaires extérieurs, dénonce « la mort programmée » de l'établissement. Les raisons de ces inquiétudes ? Le courrier du 4 août du ministère de la Santé, de la Jeunesse, des Sports et de la Vie associative qui a notifié une baisse de la dotation budgétaire allouée au personnel de l'établissement. Elle pourrait passer, précise Philippe Da Costa, président du conseil d'administration, de 5,1 millions d'euros en 2008 à 4,8 millions en 2009 et à 3,5 millions en 2010 (2).
Le collectif des personnels, qui savait l'institut menacé par la révision générale des politiques publiques et s'était déjà mobilisé en juillet, se dit « abasourdi par la brutalité de cette mesure ». Celle-ci obligerait l'établissement, pour s'ajuster à la nouvelle donne budgétaire, à envisager la suppression de la moitié des postes équivalents temps plein, soit une quarantaine environ d'ici à décembre 2009. « Cette réduction des effectifs entraînera inévitablement la suppression de certaines missions et à terme l'asphyxie de cette institution historique, considérée comme la maison mère de l'éducation populaire et de la vie associative », avertit Annie Oberti, du SEP-UNSA.
De fait, l'établissement public, situé au coeur du Parc-Flory à Marly-le-Roi, réunit, autour des questions de jeunesse et de la vie associative, des activités de recherche, de formation, d'édition, de documentation, d'accueil et d'hébergement de cadres associatifs. C'est notamment à l'institut que viennent se former bon nombre de professionnels qui travaillent auprès des jeunes, de responsables ou de cadres d'associations, de collectivités locales ou de l'Etat. L'établissement abrite, par ailleurs, l'Agence française du programme européen « Jeunesse en action » (3) et il reçoit de nombreuses délégations étrangères qui viennent dans le cadre d'échanges ou pour étudier les politiques de la jeunesse menées en France. Dans une logique purement comptable, l'Etat prend ainsi « la responsabilité de rayer de la carte des politiques publiques une pièce maîtresse de son action auprès des jeunes et des associations », dénonce le collectif. Décidé à obtenir du gouvernement qu'il reconsidère sa décision, il a mis en ligne une pétition (
Dans sa lettre de réponse au ministère datée du 9 septembre, Hervé Mécheri, directeur de l'INJEP, expliquait également que la baisse de la dotation conduirait à une diminution « drastique » de la masse salariale, « ce qui mettrait gravement en péril le fonctionnement et les missions de l'institut ». Refusant néanmoins de s'en tenir à « une réduction purement comptable des effectifs », il estimait « urgent de réorganiser et de redéfinir les missions et les activités » de l'INJEP « pour prévoir à la fois l'avenir de celui-ci et de ses personnels ». « Nous réfléchissons actuellement au projet de l'établissement afin de voir quelles activités nouvelles nous pouvons développer et limiter ainsi la baisse des effectifs, confirme Philippe Da Costa, tout en cherchant à rassurer. « Pour l'instant, rien n'est décidé, nous attendons des confirmations sur le plan budgétaire. » Un conseil d'administration extraordinaire doit se réunir le 13 octobre pour faire le point sur la situation de l'établissement.
(1) INJEP : 11 rue Paul-Leplat - 78160 Marly-le-Roi - Tél. 01 39 17 27 27.
(2) Le budget total se monte à 18,4 millions d'euros environ.
(3) Agence chargée, pour le compte de la Commission européenne, de mettre en oeuvre, en France, le programme européen « Jeunesse en action » (2007-2010) en direction des 13-30 ans.