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« Faire exister la parole des professionnels »

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Les 4 et 5 octobre, la Bourse du travail de Paris va accueillir des intervenants sociaux, des responsables d'associations ou de syndicats afin de constituer le « Mouvement pour une parole politique des professionnels du champ social ». François Chobeaux, animateur de la Confé-rence permanente des organisations professionnelles du social (CPO) et l'un des initiateurs de cette démarche (1), en explique l'objectif.
Vous voulez lancer, le MP 4, soit le « Mouvement pour une parole politique des professionnels du champ social ». De quoi s'agit-il ?

Notre idée, c'est de parvenir à ce qu'une parole, une pensée des professionnels de l'action sociale puisse exister. Le social ne doit pas être laissé aux seuls gestionnaires, aux responsables politiques ou aux représentants des usagers. Les travailleurs sociaux ont toute légitimité à intervenir, entre les décideurs et les bénéficiaires et aux côtés des opérateurs associatifs, sur la conception des politiques sociales et leurs conditions de mise en oeuvre.

L'initiative est née en juillet dernier à l'initiative de la CPO, du MIHL (Mouvement interprofessionnel pour un humanisme laïc) et de 789 Radio sociale, qui ont diffusé un appel intitulé « L'action sociale anesthésiée ? Reprenons l'initiative ». Quand nous avons écrit ce texte, c'était aussi en réaction aux propos tenus en juin par le Premier ministre selon lequel « la droite a gagné la bataille idéologique ». Nous disons : non, il y a des Français qui ne sont pas d'accord avec votre politique de responsabilisation individuelle et de culpabilisation des pauvres, censés coûter trop cher et être des fraudeurs ! Il y a des professionnels qui défendent une autre conception de l'action sociale et croient encore à la solidarité et à l'action collective.

Est-ce une résurgence du mouvement « 789-Vers les états généraux du social » de 2004 ?

Ce mouvement s'inscrit dans la suite de « 789-VEGS », mais aussi de l'association CQFD (C'est la qualification qu'il faut développer) créée en 1999. Plus généralement, il veut prendre en compte les acquis de toutes les mobilisations des professionnels menées au niveau national ou local, mais souvent de façon dispersée.

Vous reprenez le thème de la résistance déjà développé par « 789-VEGS ». Ne craignez-vous pas d'apparaître à nouveau comme un mouvement nostalgique des années 70, alors que le contexte a profondément changé ?

Il ne s'agit pas de résister au sens où la guerre serait déclarée et qu'il faudrait prendre le pouvoir. Nous appelons à résister contre une certaine vision du social, qui ne serait plus qu'une variable d'ajustement au service des résultats économiques, en opposant une autre conception construite à partir de l'expérience des professionnels. Ce qui veut dire résister, mais aussi anticiper et prendre position pour l'avenir.

Nous n'ignorons pas, bien sûr, que le contexte a changé et que nous intervenons désormais dans une société individualiste et consumériste. Cela n'empêche pas que les réponses individualisées ne suffisent pas, comme le montre le regain d'intérêt pour l'intervention sociale d'intérêt collectif. Celle-ci a été remise au goût du jour par la réforme du diplôme d'Etat d'assistant de service social et le Conseil supérieur du travail social s'est vu confier une mission sur le sujet. Encore faudrait-il un pilotage fort du social pour que les professionnels ne soient pas écartelés entre ce qu'on leur enseigne et ce que leur demandent leurs employeurs, qui, eux, privilégient la relation individuelle et la logique de résultats !

Qu'attendez-vous de ce rassemblement ?

Notre méthode est différente de celle de « 789- VEGS », qui avait dès sa création l'idée d'organiser des états généraux et d'élaborer des cahiers de doléances. Nous, nous créons juste l'occasion de la rencontre, mais rien n'est fixé à l'avance. Pendant ces deux jours, nous allons échanger, mettre à jour un « état des lieux » et décider ensemble de notre mode d'action collective. Si vous me demandez quelle suite il y aura, je n'en sais rien. Tout ce que je peux vous dire, c'est que nous attendons environ 200 personnes : des professionnels, mais aussi des membres d'associations, de collectifs ou de syndicats.

Avec la réorganisation des services publics liée à la révision générale des politiques publiques, votre message ne risque-t-il pas d'être peu entendu ?

Peut-être, mais notre responsabilité en tant que responsables de structures de coordination est de continuer à ramer à contre-courant et de voir qui veut, et comment, créer un espace de pensée collective. C'est peut-être un vieux rêve de soixante-huitard, mais il est très honorable !

Notes

(1) Et aussi responsable du secteur social et jeunesse aux CEMEA - Contact : mp4champsocial@gmail.com.

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