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Les associations accusent l'Etat de « sous-estimer » l'ampleur de la crise

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Un « dialogue de sourds », selon les associations. Après avoir dénoncé, le 17 septembre, la faiblesse des mesures prises par l'Etat pour améliorer le sort des mal-logés (1), le collectif « pour une nouvelle politique publique du logement » est ressorti, le même jour, déçu de sa rencontre avec le Premier ministre.

Les 250 millions promis en janvier dernier ont bien été « délégués aux préfets et aux organismes chargés de mettre en oeuvre » le chantier en faveur des sans-abri et des mal-logés, a assuré François Fillon, en réponse à certaines associations selon lesquelles une partie de ces crédits n'est pas encore accessible. D'après le cabinet de la ministre du Logement, 22 % des mesures proposées dans le rapport du député Etienne Pinte (UMP, Yvelines) ont été réalisées. 76 % sont en voie de l'être et 2 % n'ont pas été engagées. Si des actions sont mises en oeuvre, notamment pour l'humanisation de l'hébergement, « on est encore dans une gestion assez tranquille d'une politique qui reste classique. Or nous attendions que l'on mobilise fortement les préfets, qu'on leur demande des résultats », nuance Nicole Maestracci, présidente de la FNARS (Fédération nationale des associations d'accueil et de réinsertion sociale). La demande d'Etienne Pinte de pérenniser les 250 millions d'euros accordés en 2008 est en outre restée sans réponse.

Les associations dénoncent surtout « le décalage entre ce sur quoi s'engage le gouvernement et les 100 mesures qui lui avaient été proposées », précise Christophe Robert, directeur des études et de l'animation territoriale à la Fondation Abbé-Pierre. « Nous ne pouvons pas considérer qu'il existe un chantier prioritaire quand le gouvernement nous parle surtout d'hébergement et estime avoir déjà beaucoup fait », délaissant les volets de la prévention et de la production de logements sociaux. A Matignon, les associations ont en effet obtenu bien peu d'éléments de satisfaction, si ce n'est une « rallonge » de 50 millions d'euros pour l'hébergement (voir ce numéro, page 11) et la promesse que le budget pour le logement serait stabilisé en 2009, voire augmenté. Pour ces deux secteurs, « nous étions quoi qu'il en soit en deçà des besoins : Etienne Pinte a chiffré, pour l'hébergement, le budget nécessaire pour 2008 à 1,25 milliard d'euros alors qu'il était de 1,04 milliard », souligne François Soulage, président du Secours catholique. Faute d'une politique globale et cohérente, qui instaurerait de la fluidité dans les dispositifs et les parcours, il va encore manquer des places d'urgence cet hiver. Dans la seule région parisienne, 500 demandes ne sont pas satisfaites chaque jour.

Le gouvernement ne s'est pas non plus prononcé sur des aménagements du projet de loi « de mobilisation pour le logement », qui devrait être examiné à partir du 14 octobre au Sénat et dont plusieurs mesures, notamment sur la loi sur la solidarité et le renouvellement urbains (SRU), sont jugées contraires aux attentes par les associations. Le gouvernement estime que la porte reste ouverte par voie d'amendements, ce qui n'incite guère les détracteurs du texte à l'optimisme. Alors que la France a été condamnée au mois de juin par le Conseil de l'Europe pour ses manquements dans la mise en oeuvre du droit au logement (2), « l'Etat sous-estime complètement l'ampleur de la crise », dénonce Nicole Maestracci. Tandis que la Fondation Abbé-Pierre a contesté le projet de loi lors du congrès de l'Union sociale pour l'habitat, le 23 septembre, plusieurs associations de défense des mal-logés appellent à des mouvements de protestation à partir du 11 octobre.

Notes

(1) Voir ASH n° 2573 du 19-09-08, p. 39.

(2) Voir ASH n° 2562 du 13-06-08, p. 13.

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