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Les « goulets d'étranglement » de l'accueil temporaire pour les personnes âgées

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En dépit de besoins avérés et d'une politique publique volontariste, l'offre d'hébergement temporaire pour les personnes âgées dépendantes ne se développe guère. A l'initiative de David Causse, directeur de ses dix établissements sanitaires et médico-sociaux, le groupe de prévoyance PRO-BTP (1) a mené une enquête, auprès de structures actives sur ce créneau, pour analyser la situation.
Pourquoi une telle étude ?

Pouvoirs publics, professionnels, usagers, aidants : tout le monde s'accorde pour reconnaître les besoins en matière d'hébergement temporaire médicalisé pour personnes âgées. Mais l'offre ne décolle pas et les crédits réservés par la CNSA (caisse nationale de solidarité pour l'autonomie) à cette intention ne sont pas consommés. C'est le seul dispositif qui reste en panne, alors que les autres formules - hébergement permanent, accueil de jour, services de soins à domicile - se développent. Nous avons souhaité mieux identifier les causes de ce blocage et formuler des propositions pour aider à les lever. Nous avons donc lancé une enquête, avec la participation active du GRATH, de la FEHAP, de la FHF et de l'Uniopss, et interrogé par Internet 200 établissements pratiquant l'accueil temporaire. Nous ne prétendons pas à l'exhaustivité, mais nous pensons avoir ramené une « carotte », au sens géologique du terme, qui rend compte de la réalité de 95 % du secteur...

Des surprises ?

Alors que le turn-over élevé des bénéficiaires entraîne du travail supplémentaire, donc des coûts spécifiques, et un taux d'occupation forcément inférieur à celui de l'hébergement permanent, nous n'avons compté que trois structures sur 200 auxquelles a été consenti un prix de journée supérieur pour l'hébergement temporaire. Et même une qui a un tarif inférieur ! Il est clair que, sans moyens de fonctionnement appropriés, les opérateurs ne vont pas développer une offre a priori déficitaire.

Deuxième goulet d'étranglement : l'aide sociale. L'hébergement temporaire répond souvent à un besoin d'intervention urgent. Or nombre de retraités aux ressources modestes ou de familles ont du mal à en acquitter le prix, alors qu'il faut en moyenne de quatre à six mois pour obtenir l'aide sociale... Certains départements ne prévoient même pas d'intervenir dans ce cas de figure. Il y a aussi des problèmes pour l'attribution de l'APA (allocation personnalisée d'autonomie), le bénéficiaire devant aussi continuer à faire face aux charges du domicile.

Vous soulignez un problème de « taille critique » des structures.

L'offre est saupoudrée. La plupart des établissements réservent deux à quatre lits pour l'hébergement temporaire, sur un total de 80 ou 100 places. Il n'existe qu'une structure dédiée, avec 46 lits, à Fournes-en-Weppes (Nord), couplée avec un service de soins à domicile. L'hébergement temporaire n'est plus une activité annexe mais son « coeur de métier ». Sa capacité permet un accueil d'urgence mais aussi des séjours programmés. La personne âgée peut y entrer sans avoir l'impression que c'est pour le restant de ses jours. Cela favorise son adhésion et déculpabilise ses proches. Pour autant, qui dit structure dédiée à l'hébergement temporaire ne dit pas forcément établissement autonome. Pour des raisons de « taille critique » de gestion cette fois, elle peut être gérée par un autre organisme ou par un groupement de coopération. De toute façon, un tel établissement ne peut que travailler en réseau avec des services de soins, des maisons de retraite, des établissements de soins gériatriques le cas échéant. Avec une politique de communication spécifique (sur le bassin de vie, le département...) et une réflexion collective sur les transports adaptés, dont l'absence peut être un frein.

La question se pose-t-elle dans les mêmes termes pour le secteur du handicap ?

Non. Les établissements bénéficient d'un financement sous forme de dotation ou de forfait global, payé par douzième, avec examen du « réalisé » l'année suivante. Quant au bénéficiaire, il n'acquitte que le forfait hospitalier, 18 par jour en 2008. Alors que pour les personnes âgées, le tarif est plutôt de 50 à 60 par jour en province, voire plus pour les établissements non habilités à l'aide sociale. La facture s'avère souvent dissuasive, d'autant que l'aide sociale n'est pas octroyée à l'avance. Parmi les pistes de travail, il faut donc réfléchir à l'idée d'un plafonnement du « reste à charge » pour les personnes âgées, dès lors que l'équipe d'évaluation pluridisciplinaire a reconnu l'hébergement temporaire comme une composante du plan d'aide. L'aide sociale pourrait alors être accordée en amont et permettre, si nécessaire, des admissions rapides en séjour temporaire. Un beau sujet de réflexion dans le cadre du cinquième risque...

Notes

(1) Pro-BTP : 7, square Félix-Nadar - 94307 Vincennes cedex - Tél. 01 41 79 25 49.

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