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Des centres d'appels dans les prisons : la CGT s'inquiète

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Des détenus pourraient bientôt travailler dans des centres d'appels au sein même de leur établissement pénitentiaire. Le projet émane de l'administration pénitentiaire. Il s'inscrit dans son programme, mené sur trois ans, de développement du travail en milieu carcéral et visant à augmenter de 2000 le nombre de postes rémunérés. Deux sociétés seraient aujourd'hui intéressées pour aménager des plates-formes téléphoniques dans deux prisons dans le Nord et dans l'Ouest. L'idée étant d'aboutir « à la fin de l'année ou au début de l'année prochaine ».

Présenté comme un marche-pied vers la réinsertion des détenus dans un secteur en plein développement, le projet rencontre pourtant l'opposition de la CGT. Dans une déclaration commune, ses trois fédérations concernées (CGT des sociétés d'études, Union générale des syndicats pénitentiaires et Indecosa) s'inquiètent des intentions de l'administration . Quelle cohérence en effet entre ce projet et le mouvement engagé depuis plusieurs mois de privatisation de différents services dans les prisons comme la restauration ou la cantine, qui aboutit à diminuer l'offre de travail pour les détenus ? Quel impact aura l'apparition de ce « nouveau concurrent à bas coût » sur la rémunération et les conditions de travail des salariés des centres d'appels, dans un secteur où la pression est déjà forte en raison des délocalisations ? Enfin, ajoutent les syndicats, le travail de télé-opérateur « génère un stress particulièrement important » et n'apportera pas de nouvelle qualification aux détenus « pourtant essentielle à la sortie ».

Une polémique qui « étonne » l'administration pénitentiaire. « Il faut profiter des huit mois que dure en moyenne le temps de détention pour permettre aux prisonniers, dont 50 % n'ont pratiquement jamais travaillé, d'apprendre un métier qui leur soit utile à la sortie, explique Laurent Ridel, directeur des personnes placées sous main de justice. Or on a du mal aujourd'hui à maintenir le niveau d'emploi des détenus, car les activités traditionnelles ont tendance, avec la mondialisation, à être délocalisées. On essaie de s'adapter à l'évolution du travail en France. » Quant à la « privatisation » de certains services, elle n'entraîne pas de supressions de postes de travail pour les détenus, se défend-il. « Cette gestion déléguée de tâches d'intendance, sous contrôle étroit de l'administration, permet au contraire de mettre en place des formations pour les prisonniers. » Par ailleurs, ce projet ne concerne tout au plus que quelques dizaines de postes, assure-t-il encore, estimant que ce sont autant d'emplois des centres d'appels qui ne seront pas délocalisés et qu'il faut plutôt les voir comme « une chance » pour les personnes incarcérées. Reste, au-delà, la question du statut du détenu qui travaille en prison sans avoir toutes les garanties offertes par le code du travail, objet de critiques depuis longtemps. Un sujet sur lequel l'administration pénitentiaire indique « souhaiter progresser en douceur ».

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