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ENFANCE - FAMILLE

Refonder les internats spécialisés

A l'heure où la réforme de la protection de l'enfance appelle les professionnels à faire montre d'imagination pour diversifier leurs modalités d'intervention, les maisons d'enfants à caractère social (MECS) sont-elles en mesure de devenir de tels foyers d'innovation ? Oui, mais à condition de modifier significativement leurs pratiques, répondent en substance plusieurs contributeurs de cet ouvrage. Certains établissements n'ont d'ailleurs pas attendu qu'on les y invite pour proposer de nouvelles formes de prise en charge, qui marient soutien de l'enfant placé - mais pas forcément hébergé - et travail avec l'intéressé et sa famille dans leur milieu de vie. C'est, par exemple, ce que fait une MECS des Pyrénées-Atlantiques, au travers de « Groupes d'accueil et d'accompagnement modulable » (GAAM). Chef de service dans cette structure, Noël Touya explique le fonctionnement de ce dispositif, inspiré de l'expérience pionnière du service d'accompagnement progressif en milieu naturel, qui fonctionne dans le Gard à l'échelle de tout le département (voir ASH n° 2204 du 2-03-01, page 27). L'intérêt de développer de telles actions à partir d'un internat est de pouvoir « s'adapter aux évolutions et aux involutions des situations, sans être dans des procédures d'orientation lourdes », souligne Noël Touya. Ce genre de service peut, en effet, tout aussi bien constituer en lui-même un espace d'intervention socio-éducative adéquat que représenter une étape préparant l'enfant à une séparation physique d'avec ses parents ou à son retour complet en famille. De fait, dissocier placement et hébergement permet de sortir de l'alternative placement/maintien à domicile et de penser l'accueil en milieu résidentiel comme une réponse, parmi d'autres, aux difficultés d'un jeune. « Pour atteindre le but premier de toute mesure de placement : «l'intérêt de l'enfant», il faut apprendre à mélanger les outils et les compétences professionnelles », déclare Sofia Bento-Rossignol, juge des enfants. A l'intérieur de cette panoplie, l'internat éducatif a toute sa place, estime-t-elle. A condition cependant qu'il sache « pousser ses murs » pour aller en famille et « ouvrir ses portes » pour faire entrer les partenaires. « L'internat éducatif ne se résume pas seulement à ce qui se passe en«dedans» », insiste la magistrate. « Pour être pertinent, il lui faudra accepter de travailler «en dehors» et avec «l'extérieur». » Pour Jean-François Larralde, chef de service dans un internat, ce renouvellement des pratiques vient interroger « les fondamentaux du coeur de métier des MECS ». D'autant que le placement traditionnel n'est plus guère valorisé et que « ne brillent » que des alternatives à celui-ci. Tout se passe comme si la modernité était du côté d'un soutien à la parentalité « corrélé à la prise en compte de l'individu, hors collectif », commente le professionnel. Or, par son aspect socialisant et structurant, le groupe constitue un outil éducatif spécifique qui gagnerait à être revendiqué comme tel, cependant que la professionnalité particulière des équipes d'internat est bien de savoir articuler l'individuel au collectif, affirme Jean-François Larralde.

Refonder les internats spécialisés. Pratiques innovantes en protection de l'enfance - Sous la direction de Francis Batifoulier et Noël Touya - Ed. Dunod - 26 € .

PERSONNES HANDICAPÉES

Accompagner la personne gravement handicapée

Quel positionnement adopter, au-delà de la posture spécifique liée à son métier, pour accompagner des personnes gravement handicapées ? C'est à une réflexion collective sur cette relation à un autrui très déficitaire que se sont attelés, pendant deux ans, des professionnels de quatre établissements médico-sociaux, dans le cadre d'une recherche-formation conduite par l'Association nationale des cadres du social (Andesi). Rendant compte, à plusieurs voix, de cette expérience destinée à participer à la construction d'un cadre global d'intervention - une « fonction transversale » d'accompagnement -, cet ouvrage analyse la nature d'une relation qui articule une « logique du respect » et une « logique de la sollicitude », explique Jean-Jacques Schaller, enseignant-chercheur à l'université de Paris-XIII. « Activité humaine engagée », l'accompagnement ne se réduit pas à la somme des compétences des divers accompagnants, souligne Jean Afchain, chargé de mission à l'Uniopss. C'est d'ailleurs « le sentiment fort d'une découverte de l'autre » qui semble avoir constitué le fruit principal du travail réalisé, précise-t-il. En modifiant le regard des professionnels sur les sujets accompagnés, cette rencontre avec l'altérité a provoqué la remobilisation de nombreux participants, estime Carole Amistani, responsable de formation à l'Andesi. En cela, les répercussions de cette action sont de l'ordre de la « transformation des personnes et du travail », analyse-t-elle.

Accompagner la personne gravement handicapée. L'invention de compétences collectives - Sous la direction de Carole Amistani et Jean-Jacques Schaller -Ed. érès - 23 € .

PAUVRETÉ - PRÉCARITÉ

Le péril SDF

Après avoir relaté son travail de rue dans le cadre du SAMU social, puis s'être livré à une virulente critique du système de l'urgence sociale (voir, respectivement, ASH n° 2339 du 26-12-03, page 34 et n° 2491 du 26-01-07, page 38), Stéphane Rullac, formateur-chercheur dans un IRTS, choisit une approche essentiellement documentaire pour revenir sur « le péril SDF ». C'est à la lumière des travaux parlementaires consacrés à la dépénalisation du vagabondage et de la mendicité en 1992, ainsi que des textes ultérieurs relatifs à ces questions et de la médiatisation de la problématique des sans-abri, que l'auteur analyse l'évolution du regard porté par la collectivité sur les SDF. En gagnant le droit de vivre dans l'espace public, ces derniers ont conquis une visibilité gênante. Leur existence importune, l'été, les municipalités où les vacanciers font escale. Mais c'est surtout leur mort, l'hiver, qui dérange la bonne conscience générale. La société s'est donc dotée d'un vaste dispositif d'assistance dont l'efficacité, en termes de réduction de la mortalité des sans-abri, reste encore à prouver, estime Stéphane Rullac. Mais il fustige plus encore la perversité de ce système d'urgence sociale, pour son « inadéquation patente » avec les besoins des personnes à la rue. Ayant à réguler la déviance de ceux qui ont refusé le jeu social, ou échoué à y participer, les services d'aide aux SDF organiseraient un « subtil équilibre entre aide et punition ». L'instauration, en 2007, d'un droit opposable au logement et d'un principe de continuité de la prise en charge des sans-abri mettra-t-elle un terme à cette forme de « sanction punitivo-assistancielle » ?

Le péril SDF. Assister et punir - Stéphane Rullac - Ed. L'Harmattan - 20 € .

À LIRE AUSSI

Caferuis

A la charnière entre les équipes de terrain et la direction, l'encadrement intermédiaire des établissements et services sociaux et médico-sociaux joue un rôle complexe, encore relativement flou, explique Patrick Dubéchot, sociologue, responsable des formations supérieures à l'Ecole supérieure de travail social (ETSUP). Présentant l'historique de la fonction de chef de service, l'auteur analyse le glissement de la notion de « fonction » à celle de « métier », consécutif à la création, en 2004, du certificat d'aptitude aux fonctions d'encadrement et de responsable d'unité d'intervention sociale (Caferuis). Ce diplôme s'appuie sur un référentiel de compétences, qui sont ici décrites et commentées.

Caferuis. Etudes et certificat d'aptitude aux fonctions d'encadrement et de responsable d'unité d'intervention sociale - Patrick Dubéchot - Ed. Vuibert - 22 € .

Améliorer la qualité de vie des personnes autistes

Pour parfaire les connaissances sur l'autisme, il est indispensable d'étudier les parcours de vie des personnes qui en sont atteintes, souligne Bernadette Rogé, professeure de psychopathologie développementale à l'université de Toulouse-Le Mirail. Cet accompagnement de trajectoires individuelles, de l'enfance à l'âge adulte, est au coeur des contributions réunies dans cet ouvrage issu des travaux d'une rencontre internationale organisée par l'Association pour la recherche sur l'autisme et la prévention des inadaptations (ARAPI).

Améliorer la qualité de vie des personnes autistes - Sous la direction de Bernadette Rogé, Catherine Barthélémy et Ghislain Magerotte - Ed. Dunod - 26 € .

Politiques sociales et de santé

Véritable somme visant à clarifier la complexité des politiques sanitaires et sociales, cet ouvrage présente les interventions des pouvoirs publics dans ces deux secteurs, ainsi que celles des autres acteurs qui y opèrent.

Politiques sociales et de santé. Comprendre et agir - Sous la direction d'Yvette Rayssiguier, Josiane Jégu et Michel Laforcade - Ed. EHESP - 30 € .

Communiquer l'utopie

Pour que l'économie solidaire devienne une « utopie mobilisatrice », il lui faut inventer de nouvelles formes de communication, estime Eric Dacheux, professeur en sciences de l'information et de la communication à l'université Blaise-Pascal (Clermont-Ferrand), coordinateur de cet ouvrage collectif.

Communiquer l'utopie. Economie solidaire et démocratie - Sous la direction d'Eric Dacheux - Ed. L'Harmattan - 24 € .

- ACTES DE COLLOQUES -

Quel avenir pour le placement familial ?

Comment garder le cap dans un contexte d'intenses mutations sociétales, familiales et professionnelles ? Comment, dans un service de placement, chaque intervenant peut-il à la fois trouver sa place et un sens commun à l'accompagnement de l'enfant et de sa famille ? Analyses et propositions étaient au programme des journées d'études organisées les 2 et 3 octobre 2006 par l'Association nationale des placements familiaux.

ANPF : 63, rue de Provence - 75009 Paris - Tél. 01 42 80 21 21 - 19 € , port inclus.

Violences des jeunes : violences faites aux jeunes

Quelques semaines après la « crise des banlieues » de novembre 2005, l'Ecole d'éducateurs spécialisés de Lille, associée à des chercheurs de Lille-I et Lille-III réunissait, le 16 janvier 2006, professionnels du travail social et universitaires pour identifier et analyser ces phénomènes. Complétés par des travaux ultérieurs, les actes évoquent le climat « sécuritaire » et l'évolution du contexte social et juridique, le rapport entre violences et institutions, les violences à l'école, enfin la dimension politique de la « fracture sociale » et de l'exclusion.

Cahiers d'études du CUEEP n° 60-61 - Juin 2007 - 9/11, rue Auguste-Angellier - 59046 Lille cedex - Tél. 03 20 58 14 29 - 25 € .

Ceux qui ne demandent rien

Bon nombre de bénéficiaires potentiels de l'aide sociale ne font pas valoir leurs droits. Les causes en sont multiples : manque d'information, défail-lances administratives, complexité des dispositifs, difficulté d'être demandeur, crainte du contrôle social... Ces non-usagers sont-ils « hors-jeu, résignés ou résistants » ? Une question posée le 13 décembre 2007, lors d'une journée d'étude de l'IRTS Ile-de-France-Montrouge-Neuilly-sur-Marne.

Vie sociale n° 1/2008 - Cedias-Musée social : 5, rue Las-Cases - 75007 Paris - Tél. 01 45 51 66 10 - 15 € .

Territoires et action sociale

En juin 2006 et 2007, la chaire de travail social du CNAM et le Centre d'études de l'emploi ont consacré leurs journées de la recherche sociale au thème des territoires. Cette dimension s'est imposée progressivement avec la décentralisation de nombreuses politiques sociales mais aussi en lien avec les idées de démocratie locale, de solidarité, de proximité et de développement local. Mais l'espace du social se structure-t-il pour autant en territoires du social ?

Territoires et action sociale (colloque 2006) - Ed. L'Harmattan, coll. « Logiques sociales » - 34 € ; « L'action sociale dans les territoires » (colloque 2007) - Vie sociale n° 2/2007 - Cedias-Musée social - 16 € .

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