Cinq ans après la loi instituant la validation des acquis de l'expérience (VAE), qui sont les candidats inscrits dans cette démarche et quel est leur parcours ? C'est la question qu'a voulu éclairer la DARES (direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques) en lançant, en 2007, une enquête auprès des postulants à un titre de niveau V, sachant qu'il s'agit pour le dispositif d'un public prioritaire et qu'il représente près de la moitié des personnes qui s'y engagent (1).
Les résultats intéressent tout particulièrement le secteur sanitaire et social car, au niveau V, plus de huit candidats sur dix (84 %) en relèvent. Parmi les certifications recherchées, en effet, figurent le DEAVS (diplôme d'Etat d'auxiliaire de vie sociale), qui regroupe à lui seul 41 % des candidats, le diplôme d'Etat d'aide-soignante (DEAS, 22 %), le CAP petite enfance (11 %), le BEP carrières sanitaires et sociales et la mention complémentaire aide à domicile (2 %), enfin le titre professionnel assistante de vie aux familles (8 %) (2). Ce n'est pas un hasard : devant le fort besoin de recrutement et de professionnalisation de ce secteur, « les branches et les ministères concernés ont développé des politiques incitatives » en matière de VAE, rappelle la DARES.
Les femmes sont ultra-majoritaires dans le dispositif : elles représentent près de neuf candidats sur dix pour le niveau V, et même 99 % pour le DEAVS ! Un peu plus surprenant : près des deux tiers des postulants ont dépassé 40 ans et près de 20 % 50 ans. C'est nettement plus que parmi les candidats à une formation professionnelle certifiante, qui sont plus jeunes en moyenne. A noter aussi que 20 % des postulants à une VAE de niveau V ne sont pas nés en France.
Les demandeurs d'emploi fournissent 10 % des candidats, et seulement 4 % pour le DEAVS. 95 % des personnes qui préparent ce diplôme sont salariées, moitié à temps plein, moitié à temps partiel. Dans la quasi-totalité des cas, les candidats cherchent à valider leur dernière expérience professionnelle. En revanche, rares sont ceux qui s'inscrivent dans un domaine proche de leur cursus de formation initiale. Parmi les postulants à une certification du secteur sanitaire et social, 17 % ont déjà préparé un diplôme qui en relève, contre 26 % qui ont suivi une formation initiale en secrétariat et bureautique, 13 % à l'accueil, l'hôtellerie et le tourisme, 9 % à la comptabilité et la gestion, 8 % à la vente...
Quelles sont les motivations des candidats ? Parmi les salariés (les réponses multiples étant possibles), 16 % aimeraient changer de métier, 32 % souhaitent avoir un diplôme, 45 % voudraient trouver un nouveau poste ou un nouvel emploi, 49 % rêvent de travailler dans de meilleures conditions et 75 % espèrent favoriser une évolution future. 92 % voudraient surtout être mieux reconnus dans leur travail.
Est-ce le cas ? Un seul indice concret : pour 30 % des candidats, estime (prudemment) la DARES, une augmentation de salaire a suivi l'inscription dans la démarche de VAE et peut lui être liée. C'est surtout vrai dans le secteur associatif, ajoute-t-elle, où l'obtention d'une qualification comme le DEAVS entraîne le passage à une catégorie supérieure.
Mais tout le monde ne va pas au bout de la démarche. Deux ans après que la candidature a été jugée recevable (c'est la première étape), 26 % des postulants ne se sont pas encore présentés devant un jury. Ce taux tombe à 14,5 % pour le DEAVS. En revanche, 43 % ont obtenu leur titre ou diplôme et 26 % l'ont validé partiellement. Pour le DEAVS, ces taux grimpent respectivement à 46 % et à 35 %. Dans tous les cas, seuls 5 % des candidats n'ont rien obtenu. Par ailleurs, 16 % des postulants abandonnent en cours de route (13 % pour le DEAVS), soit avant le passage devant le jury, soit après.
Quels sont les facteurs qui favorisent l'obtention d'une validation complète ? La probabilité est un peu plus forte chez les hommes que chez les femmes et nettement améliorée pour les personnes qui ont déjà un diplôme d'un niveau supérieur. Le taux de réussite est aussi meilleur chez les salariés (surtout ceux qui ont obtenu des congés et facilités) que chez les demandeurs d'emploi. Pour les personnes nées à l'étranger, la date d'arrivée en France, à un âge plus ou moins avancé, joue aussi, sans doute en lien avec le degré de maîtrise du français.
Autre facteur favorisant : l'accompagnement. Celui-ci peut être individuel ou collectif ou combiner ces deux modalités. « Plus l'aide apportée est formalisée et technique, plus le candidat a de chances d'obtenir son diplôme », indique la DARES. Une prestation réalisée par un organisme spécialisé est plus profitable que l'aide apportée par une « autre personne ». Dans le secteur sanitaire et social, 48 % des postulants jugés recevables sont accompagnés et 56 % des candidats présentés devant un jury. Des taux supérieurs à la moyenne, par la volonté de la branche, mais sans doute encore insuffisants pour un secteur en mal de qualifications.
Dernier constat : si la VAE est inscrite dans la loi comme un droit individuel, sept salariés sur dix déclarent que leur environnement professionnel est à l'origine de leur démarche, avec une information venue par leur employeur (33 %), par leur supérieur hiérarchique (28 %) ou encore par des collègues (7 %).
(1) « Les candidats à la validation par les acquis de l'expérience d'un titre ou diplôme de niveau V en 2005 » et leurs parcours - DARES - Premières synthèses n° 34.1 et 34.2 - Août 2008 - Disponible sur
(2) Ces certifications sont délivrées respectivement par les ministères en charge des affaires sociales, de la santé, de l'Education nationale et de l'emploi.