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Les « lits halte soins santé », indispensables mais en équilibre instable entre le soin et l'hébergement

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Créés en 2005, les « lits halte soins santé » (LHSS) sont des structures destinées à l'hébergement temporaire de personnes, quelle que soit leur situation administrative, ne disposant pas de domicile fixe, dont la pathologie ou l'état général ne justifie pas une hospitalisation mais nécessite une prise en charge sanitaire et un accompagnement social. Ouverts 24 heures sur 24 et 365 jours par an et financés par la sécurité sociale, ils sont accessibles aux personnes handicapées. Quel bilan dresser du dispositif ? A partir de questionnaires envoyés aux directeurs et médecins de ces structures, la direction générale de l'action sociale (DGAS) a mené l'enquête (1). Conclusion : si les LHSS s'avèrent indispensables et font le lien entre les organismes de soins et les organismes d'hébergement et/ou d'accompagnement social, ils n'en restent pas moins fragiles en raison même de ce positionnement. Il est donc nécessaire de les conforter dans ce rôle charnière.

L'enquête porte sur les 14 structures comportant 271 lits ouvertes en 2006 (2). S'il n'y a pas de modèle-type, leur organisation diffère selon leur taille : le nombre de personnels ETP par lit varie de 0,75 en moyenne pour les LHSS de six lits ou moins à 0,39 pour ceux de dix lits ou plus. Sachant que les petits établissements privilégient le mode d'intervention libéral, plus souple et plus flexible. A côté des soignants - infirmiers (49 %), médecins (27 %), intervenants paramédicaux et aides-soignants - majoritaires, on compte 1,7 professionnel de l'accompagnement social (assistant social, moniteur, éducateur, aide médico-psychologique) par structure.

Quant aux partenariats, ils sont bien développés avec les organismes de soins, les associations ou d'autres prestataires (centres communaux d'action sociale, caisses primaires d'assurance maladie...). Les hôpitaux se révèlent ainsi les plus proches collaborateurs des LHSS, qui représentent pour eux une voie de dégagement appréciable. A l'inverse, les projets d'hospitalisation sont aussi souvent une porte de sortie des LHSS, preuve que ces derniers « constituent une voie de stabilisation, des lieux de convalescence, et donc des structures pré- et post-hospitalisations ». Il y a donc une interaction permanente entre les hôpitaux et le dispositif.

Le public accueilli est essentiellement masculin (des hommes seuls surtout), relativement âgé (les 46-50 ans sont majoritaires) (3), et ses besoins sociaux sont nombreux : absence de liens, de papiers administratifs, de droits ouverts, de logement... L'admission est, dans 7 % des cas, consécutive à un accident et, dans 11 %, à une période de convalescence à la suite d'une hospitalisation ou d'une maladie. Les personnes présentent le plus souvent des pathologies infectieuses (12 %), toxicologiques (11,5 %) et psychiatriques (11 %) et la moitié d'entre elles ont subi une hospitalisation durant les six mois précédant leur admission. On s'aperçoit néanmoins que, contrairement à l'objectif principal des LHSS - le soin d'individus atteints d'affections ponctuelles -, les personnes ayant une affection de longue durée ont tendance à être dirigées vers eux, les établissements spécialisés ayant des difficultés à accueillir ce public marginal. Il existe donc un risque de détournement du dispositif qui n'est pas adapté à ce type de pathologie, mettent en garde les auteurs de l'étude. Les LHSS n'ont pas vocation, en effet, à devenir le déversoir des hôpitaux, même s'ils doivent renforcer leur partenariat avec eux.

Par ailleurs, si la fin des soins reste, conformément à leurs objectifs, la raison de sortie la plus souvent évoquée, l'orientation vers un hébergement n'est que peu citée alors qu'elle devrait être majoritaire. « Cette situation engendre des pratiques qui devraient, en théorie, n'être utilisés que ponctuellement, telle l'orientation vers une structure médicale », déplore l'étude. Laquelle relève, dans le même temps, que les « lits halte soins santé » sont parfois utilisés pour héberger les individus une fois qu'ils sont soignés, faute de places d'hébergement.

C'est dire l'équilibre instable du dispositif à l'interface du soin et de l'héber-gement. C'est pourquoi les auteurs proposent de conforter cette spécificité en créant, pour les personnes atteintes d'affections de longue durée, des structures proche des LHSS ou « lits pérennes ». Ce qui permettrait au dispositif de se consacrer entièrement à ses objectifs tout en offrant des soins plus adaptés aux publics souffrant de pathologies au long cours.

Notes

(1) Les LHSS, un dispositif négligeable ? accessoire ? nécessaire ? indispensable ? - Cécile Bourgeon, stagiaire Master 2, et Marianne Storogenko, chargée de mission à la sous-direction des politiques d'insertion et de lutte contre les exclusions.

(2) Situées en Ile-de-France, dans les Bouches-du-Rhône, en Haute-Normandie et dans le Nord.

(3) Avec une forte présence des plus de 60 ans (15,7 % des personnes reçues).

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