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La DREES esquisse un portrait des bénéficiaires de l'AME

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Si le nombre (190 000 au 31 décembre 2006), l'âge, le sexe et la consommation médicale des titulaires de l'AME (aide médicale de l'Etat) étaient connus, on ne disposait que d'analyses associatives sur leur état de santé et leurs conditions de vie. C'est pourquoi la DREES (direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques) a mené en 2007 une enquête particulière sur cette population difficile à étudier - des étrangers non européens (1), vivant en France depuis plus de trois mois mais en situation irrégulière - en interrogeant des bénéficiaires de soins en Ile-de-France, région qui concentre les trois quarts des titulaires de l'AME (2).

Le groupe enquêté se compose, comme la population cible, à 70 % de jeunes adultes de 20 à 39 ans. En revanche, les femmes y sont surreprésentées (66 %, contre 50 % pour les bénéficiaires de l'AME). Le niveau scolaire apparaît assez élevé puisque l'âge de fin d'études déclaré est celui du secondaire pour une personne sur deux et du supérieur pour trois personnes sur dix.

Toujours parmi les enquêtés, 34 % n'ont jamais travaillé en France (42 % parmi les femmes), 30 % travaillent et 36 % ont déjà travaillé. Il est vrai que si leur durée de résidence dans l'Hexagone est inférieure à cinq ans pour 60 % d'entre eux, 32 % déclarent être là depuis cinq à neuf ans et 7 % depuis dix ans ou plus. 36 % des enquêtés ont d'ailleurs un ou des enfants en France (44 % parmi les femmes) et 33 % dans leur pays d'origine. 62 % sont hébergés par la famille ou des amis, 14 % vivent en centre ou en foyer (22 % parmi les hommes) et 21 % disposent d'un logement à leur nom.

Beaucoup déclarent se sentir très ou plutôt isolés : 55 % des hommes et 43 % des femmes. Ce sentiment varie évidemment selon les conditions de vie et la présence, ou non, des enfants en France. Mais au total, seules 10 % des personnes disent ne pouvoir compter sur aucun soutien familial ou amical. L'aide des proches est, moins souvent, complétée par un appui social ou associatif, en particulier pour l'accomplissement des démarches.

Deux personnes sur dix qualifient leur état de santé de mauvais ou très mauvais. Quatre sur dix déclarent souffrir d'une ou de plusieurs maladies chroniques ou être limitées depuis au moins six mois par un problème de santé. C'est beaucoup pour une population majoritairement jeune qui subit, il est vrai, le stress d'une migration irrégulière et des conditions d'existence précaires.

Un consultant d'une structure sanitaire (hospitalière ou associative) sur quatre déclare avoir renoncé à des soins, y compris de premier secours, au cours de l'année écoulée. Les hommes (38 %) nettement plus souvent que les femmes. Le motif le plus fréquent est d'ordre financier ou lié à la prégnance d'autres priorités (alimentation, logement). 4 % ont eu peur de contrôles de police ou méconnu le dispositif. Plus d'un bénéficiaire de l'AME sur trois s'est heurté également à un refus de soins de la part d'un professionnel de santé, le plus souvent médecin ou pharmacien (3).

Au total, en consultation, les médecins estiment que 15 % des patients avaient un besoin de soins urgents. En hospitalisation, c'est le cas pour un sur deux.

Avec une enquête sur un échantillon plus limité de bénéficiaires potentiels de l'AME interrogés dans des centres de soins associatifs, la DREES relève que quatre sur dix seulement ont entamé des démarches pour en obtenir le bénéfice et sont en attente d'une réponse, tandis que cinq sur dix ne l'ont pas demandé. Premier motif d'abstention : le manque d'information. Viennent ensuite l'absence de justificatif (d'identité, de domicile, de durée de séjour ou de revenu), qui freine 25 % des bénéficiaires potentiels, et la peur d'être dénoncés à la police, qui en décourage 15 %.

Notes

(1) Ne sont pas concernés les ressortissants des 27 pays de l'Union européenne ainsi que de l'Islande, du Liechtenstein et de la Norvège.

(2) « Les bénéficiaires de l'AME en contact avec le système de soins » - DREES - Etudes et résultats n° 645 - Disponible sur www.santé.gouv.fr.

(3) On le sait par ailleurs, les bénéficiaires de la couverture maladie universelle complémentaire aussi renoncent à des soins ou essuient des refus, mais en moins grande proportion, et surtout pour des problèmes dentaires ou d'optique.

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