Les travailleurs sociaux pénitentiaires réitèrent leur déception (1) après la présentation, le 28 juillet, du projet de loi pénitentiaire en conseil des ministres (voir ce numéro, page 17). Si le texte prévoit quelques avancées en matière de droits des détenus, relève le Snepap (Syndicat national de l'ensemble des personnels de l'administration pénitentiaire)-FSU (2), il « manque d'une réelle ambition ».
Le nouveau moratoire de cinq ans pour respecter le principe de l'encellulement individuel irrite particulièrement les professionnels, d'autant que les dispositions qui visent à développer les aménagements de peine seront, pronostiquent-ils, insuffisantes pour résorber la surpopulation carcérale. « D'une part parce qu'aménager une peine suppose du temps, de nombreux échanges avec la personne détenue, un partenariat étoffé... donc des moyens qui, à ce jour, sont incertains », explique le Snepap. L'organisation juge, d'autre part, que les mesures du projet de loi sont loin d'être novatrices : « la libération conditionnelle n'est, par exemple, pas encouragée ».
En outre, abonde la CGT-pénitentiaire (3), ce moratoire s'ajoute à la sortie simultanée d'un « décret inapplicable » sur l'encellulement individuel (4). « Ce n'est pas par une politique d'incarcération abusive, même saupoudrée d'une volonté de développer les aménagements de peine, que l'on réduira la surpopulation et la récidive, mais bel et bien par une politique ambitieuse d'insertion des personnes détenues et de développement des peines alternatives à l'incarcération », martèle l'organisation.
(2) Snepap-FSU : 12-14, rue Charles-Fourier - 75013 Paris - Tél. 01 40 21 76 60.
(3) UGSP-CGT : 263, rue de Paris -Case 542 - 93514 Montreuil cedex - Tél. 01 48 18 82 42.