Après plusieurs mois de travail, les ministres chargés de l'emploi, Christine Lagarde et Laurent Wauquiez, ont donné le 10 juillet le coup d'envoi du vaste chantier de la réforme de la formation professionnelle, sur la base du rapport du groupe multipartite sur la formation professionnelle, présidé par Pierre Ferracci.
Alors que l'objectif du gouvernement est d'élaborer un projet de loi sur le sujet « pour la fin de l'année », Laurent Wauquiez a listé « quatre lignes majeures » sur lesquelles la réforme doit permettre des « améliorations ». La première, « la plus importante, c'est de mettre l'emploi au coeur [de] la formation », et concrètement de faire en sorte que celle-ci « serve beaucoup plus [...] à garder un emploi » ou « à en retrouver un ». L'idée est de « mieux articuler formation et emploi », pour répondre aux besoins de main-d'oeuvre des entreprises et des secteurs d'activité via notamment le développement de l'alternance (contrats de professionnalisation et d'apprentissage) et le renforcement de l'orientation tout au long de la vie, précise un communiqué ministériel. Le deuxième objectif défini par le secrétaire d'Etat est d'avoir « un système plus juste ». « Aujourd'hui, si vous êtes titulaire d'un CAP, vous avez une chance sur cinq d'accéder à une formation, si vous êtes diplômé de l'enseignement supérieur une chance sur deux, si vous êtes dans une PME (petite ou moyenne entreprise) une chance sur dix, dans une multinationale une sur deux », a indiqué Laurent Wauquiez. Selon lui, si, « dans trois-quatre ans, le taux d'accès à la formation des salariés de PME était relevé de 5 à 10 %, ce serait une bonne performance ». Le gouvernement souhaite plus largement « rééquilibrer l'effort de formation vers les personnes en plus grande fragilité professionnelle ». Et demande aux partenaires sociaux de « mettre en place, dans le prolongement de l'accord du 11 janvier 2008 sur la modernisation du marché du travail, un mécanisme de sécurisation des parcours et des transitions professionnelles financé par les branches qui contribuera au financement des formations prioritaires à l'échelle régionale ». Pour l'ancien porte-parole du gouvernement, il s'agit aussi de « remettre les usagers au coeur du système car aujourd'hui on a trop souvent l'impression d'un dédale administratif ». Il souhaite pouvoir « s'assurer qu'on a des formations utiles permettant aux salariés de franchir des caps dans leur carrière ». L'ambition du gouvernement est ainsi d'« améliorer la qualité des formations en allant vers un mécanisme de labellisation de l'offre de formation ». « Clarifier les compétences et rendre plus efficaces les modes de coopération entre les acteurs à l'échelon régional » est une autre de ses priorités, tout comme « rendre le système de formation professionnelle plus transparent et plus performant en réformant notamment le réseau des organismes paritaires collecteurs agréés ». « Le but est notamment de relever le seuil de collecte [de ces] organismes à 100 millions d'euros » et de réduire ainsi sensiblement leur nombre, a indiqué Laurent Wauquiez, qui a toutefois précisé que le gouvernement « se donne le temps pour le faire ».
« D'ici au 20 juillet », les partenaires sociaux recevront un « document d'orientation » qui reprendra les axes de la réforme et listera les thèmes sur lesquels le gouvernement souhaite les voir négocier. Une concertation entre l'Etat, les régions et les partenaires sociaux s'engagera parallèlement. Les ministres ont par ailleurs annoncé la constitution de trois groupes de travail qui plancheront respectivement sur « la validation des acquis de l'expérience, l'orientation professionnelle, en lien avec l'Education nationale, et l'offre de formation ».