Le plan gouvernemental de lutte contre les drogues et les toxicomanies, présenté le 9 juillet (voir ce numéro, page 11), « a le mérite de faire travailler ensemble des ministères qui n'en ont pas toujours la pratique, sur un sujet qui ne les intéresse que marginalement », réagit la FFA (Fédération française d'addictologie) (1). Ce programme a aussi l'intérêt de reconnaître la nécessité d'intervenir précocement, de prendre en compte les populations vulnérables, de mettre l'accent sur la recherche et la formation..., juge l'organisation, qui constate cependant qu'il « n'échappe pas aux contradictions qui traversent notre société quant aux conduites d'addiction : le tabac est absent et l'alcool est curieusement le seul produit à ne pas être visé par la «lutte contre la banalisation de l'usage» ».
A ce regret s'ajoute une interrogation : comment la MILDT (Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie) tiendra-t-elle la « gageure » de ce plan avec « aussi peu de moyens », un système d'appels d'offres pour des actions non pérennes et un partenariat de terrain fragilisé par la disparition de financements de la même MILDT ?, demande la FFA.
De fait, les professionnels s'inquiètent de savoir s'ils auront « réellement les moyens d'accomplir leurs missions » à l'heure où les centres de soins, d'accompagnement et de prévention en addictologie « sont reconnus comme la pierre angulaire du dispositif » et où les actions expérimentales menées après des publics particulièrement vulnérables sont saluées avec la volonté de leur assurer une meilleure répartition territoriale. L'Anitea (Association nationale des intervenants en toxicomanie et addictologie) (2) et la F3A (Fédération des acteurs de l'alcoologie et de l'addictologie) (3) qui font ce constat resteront donc « vigilantes quant aux conditions de mise en oeuvre des mesures annoncées ».
Les deux organisations auraient aussi voulu, en matière de prévention, plus que de l'information ou de la communication auprès des jeunes et des parents. « Aujourd'hui, jugent-elles, ce ne sont pas tant les drogues qui se banalisent que notre société qui banalise l'expérience addictive », celle des drogues, des jeux, de l'Internet, mais aussi « le besoin d'intensité, la course à la performance, l'individualisation des comportements, l'instantanéité des réponses, etc. » Elles appellent donc à une « éducation préventive » qui mette le « lien à l'autre » au centre de son travail et « permette que s'établissent et s'apprennent les limites et les repères ».
(1) FFA : 64, avenue du Général-de-Gaulle - 92130 Issy-les-Moulineaux - Tél. 01 46 38 24 14.
(2) Anitea : 9, passage Gatbois - 75012 Paris - Tél. 01 43 43 72 38.
(3) F3A : 154, rue Legendre - 75017 Paris - Tél. 01 42 28 65 02.