« La dégradation des salaires, ça suffit ! » Quatre fédérations syndicales - CFTC, CFE-CGC, CGT et FO - de la branche associative sanitaire, sociale et médico-sociale (BASS) appellent à une grève nationale et à des manifestations le 30 septembre prochain.
Dans les quatre conventions collectives du secteur - celles du 31 octobre 1951 et du 15 mars 1966 et celles des Centres de lutte contre le cancer et de la Croix-Rouge - ainsi que dans l'accord qui couvre les CHRS, les négociations salariales n'ont pas abouti en 2008, constatent-elles. « Les employeurs ne proposent qu'une augmentation de la valeur du point d'environ 1 %. C'est inadmissible quand l'inflation annuelle est à 3 % et que la perte de pouvoir d'achat du point dépasse 10 % depuis 1999. » Toutes les conventions ou accord ont désormais des minima de début de carrière inférieurs au SMIC, relèvent les syndicalistes, à l'exception de la CC 66, qui reste encore à peine au-dessus.
« Pour ralentir cette dégradation, nous demandions que l'enveloppe de 2,15 % d'augmentation de la masse salariale, accordée le 21 janvier dernier lors de la conférence salariale [1], soit intégralement affectée à la revalorisation des salaires, c'était un minimum ! Or les employeurs refusent. L'enveloppe sert à tout : aux créations de postes liées aux nouvelles places non financées par ailleurs, à la répercussion de la hausse du SMIC, aux mesures catégorielles, à la revalorisation des indemnités kilométriques et même, pour la CC 66, à la rénovation de la convention collective ! »
Les revendications des quatre organisations syndicales s'adressent évidemment aux ministères - « Bercy inclus » - qui fixent le montant d'une « enveloppe fermée ». Mais aussi aux fédérations et syndicats d'employeurs, qui « font des propositions qui n'épuisent pas l'enveloppe et ne défendent pas assez leur seul «outil de travail» : les salariés. Ils procèdent par redéploiement des moyens. On ne peut pas les dédouaner. Car le résultat est une baisse relative de tous les salaires et une paupérisation du secteur tout entier. »
Les arguments se bousculent : « Il y a des postes vacants tellement les salaires d'entrée sont peu attractifs. Des avantages acquis disparaissent comme le supplément familial dans la CC 66 ou l'imposition de jours de carence lors du deuxième arrêt de travail dans les centres de lutte contre le cancer. Dans ceux-ci, d'ailleurs, la masse salariale qui absorbait 70 % à 80 % des budgets n'en représente plus que 55 à 57 %. Et puis, partout, on nous parle toujours plus de qualité, alors que la déqualification progresse. Les «faisant fonction» se multiplient. L'aide médico-psychologique doit faire ce qui relevait du moniteur-éducateur, qui lui-même remplace l'éducateur spécialisé. A ce rythme, il ne restera bientôt plus grand chose du beau «modèle français» que vante la communication de nos employeurs associatifs. Au profit, demain, du secteur libéral ? »
Les quatre fédérations vont travailler, cet été, sur les modalités d'action de la journée du 30 septembre et se revoient pour en discuter à la rentrée, conscientes qu'il est « difficile à des salariés qui gagnent le SMIC, ou à peine plus, de perdre une journée de travail ». Pour l'heure, elles ont décidé de bloquer toutes les négociations conventionnelles, hormis sur les salaires.
« Il faut sortir du système d'enveloppe fermée, estiment les quatre organisations syndicales, et revenir à la politique qui a fondé le secteur : ce sont les besoins qui doivent déterminer les moyens et non l'inverse. »