Lancés, il y a près de 20 ans, pour favoriser le développement de l'accueil individuel des enfants et la professionnalisation de celles qui le pratiquent, les relais assistantes maternelles (RAM) sont près de 1 800 aujourd'hui. Quel est le profil de leurs animatrices ? Pour le savoir, Monique Buisson a réalisé une enquête dans 15 départements auprès de 150 responsables de RAM situés dans des zones diversifiées d'habitat. Très diplômées - 90 % d'entre elles ont un niveau au moins égal à bac + 2 -, ces responsables se répartissent, quasiment à égalité, en deux sous-groupes : le premier réunit les éducatrices de jeunes enfants (EJE), le second, les titulaires d'un autre diplôme, parmi lesquelles de nombreuses professionnelles du travail social (surtout des conseillères en économie sociale et familiale et, dans une moindre mesure, des assistantes sociales, éducatrices spécialisées et animatrices). Dans l'un et l'autre cas, l'itinéraire des responsables de RAM a souvent été jalonné d'allers et retours entre emploi et reprise d'études ou de formation. Le désir de changer de cadre professionnel est aussi la principale raison qui les a décidées à prendre la responsabilité d'un relais. Aux qualificatifs qu'elles choisissent pour décrire leur activité - motivante, passionnante, enrichissante, variée, en perpétuelle évolution... -, les intéressées, visiblement, n'ont pas été déçues. Revers de la médaille : le stress, la solitude et le flou d'une fonction aux contours imprécis, caractérisée par une multiplicité de tâches à accomplir dans différents domaines. Le manque de reconnaissance de leur profession - à l'appellation elle aussi incertaine - est également pointé par certaines « responsables » ou « animatrices » de RAM. Plusieurs d'entre elles considèrent que leur situation, à cet égard, ressemble beaucoup à celle des assistantes maternelles. En miroir de ces dernières, elles regrettent également d'être « lâchées » sur les relais sans formation particulière complémentaire, et très isolées dans l'exercice de leur activité. Les aspects positifs du métier semblent, cependant, l'emporter sur ses inconvénients : pour 40 % d'entre elles, ces professionnelles mobiles occupent leur poste depuis au moins dix ans.
Animer un relais assistantes maternelles - Monique Buisson - Ed. érès - 20 € .
Evoquant un peu les tours d'abandon des hospices par où transitaient les bébés laissés par des mères en détresse, les crèches ont longtemps été dotées d'une pièce faisant office de sas entre les miasmes du dehors et la propreté du dedans. Les parents déshabillaient leurs enfants dans cette salle strictement séparée des autres locaux de la crèche, avant de les remettre à qui de droit, puis venaient les y reprendre. Cette pratique, qui a perduré, ici et là, jusque dans les années 70, est bel et bien révolue. Mais si les crèches ne sont plus des citadelles de l'hygiène, ni du savoir psychologique et éducatif, où les parents sont persona non grata, la place de ces derniers dans les établissements qui accueillent leurs tout-petits ne va pourtant pas partout de soi. A quoi est dû ce tenace ostracisme et comment faire en sorte que la collaboration parents-professionnels, promue par les textes, soit vraiment une réalité ? C'est à ces questions que Marie-Claude Blanc et Marie-Laure Bonnabesse, s'attachent à répondre. Les deux formatrices partent de leur expérience au sein de crèches à gestion parentale, où « jouer collectif » ne semble pas non plus toujours évident, pour nourrir la réflexion sur les difficultés qu'ont les protagonistes à sortir de rapports de domination ou de rivalité.
Parents et professionnels dans les structures d'accueil des jeunes enfants. Enjeux, intérêts et limites des interactions - Marie-Claude Blanc et Marie-Laure Bonnabesse - Ed. ASH - 19 € .
« Former les travailleurs sociaux face au racisme et aux discriminations », affiche le sous-titre de cet ouvrage, qui résume ainsi son ambition. Celle-ci est brillamment servie par une pléiade d'auteurs, pour la plupart travailleurs sociaux, sociologues et/ou formateurs en travail social. Les éclairages sont multiples au travers d'une mosaïque de textes relativement courts, qui proposent une sorte d'état des connaissances en matière d'histoire de l'immigration, d'approches de l'intégration, de production des représentations sociales racistes et de modes d'intervention en milieu migrant ou pluriculturel. Manuel pédagogique oblige, chaque séquence thématique est introduite par un bref exposé présentant ses objectifs et des pistes pour les mettre en oeuvre ; elle est aussi assortie de riches inventaires de ressources documentaires. « Jusqu'à une période récente, font observer Manuel Boucher et Mohamed Belqasmi, coordonnateurs de l'ouvrage, les travailleurs sociaux et leurs formateurs considéraient que le racisme n'était pas leur affaire. » En effet, ils n'imaginaient pas pouvoir être « les coproducteurs de processus d'essentialisation, voire de discrimination raciste ». Si les promoteurs de ce guide entendent les en détromper, ils mettent aussi le doigt sur les inégalités de traitement dont sont eux-mêmes victimes les intervenants sociaux, sur la base de leur origine réelle ou supposée : concentration dans les secteurs les moins protégés des professions sociales, moindre accès à la qualification avec, en corollaire, une importante proportion de « faisant fonction » et, conséquence de ces différences, des niveaux de rémunération qui sont également inégaux.
Guide pédagogique de l'antiracisme en formation sociale - Dirigé par Manuel Boucher et Mohamed Belqasmi - Ed. Vuibert - 32 € .
En quelques spectaculaires occasions - émeutes, prises d'otages, évasions rocambolesques -, la prison voit se braquer sur elle tous les projecteurs. Une fois leurs feux éteints, la tranquillité semble reprendre ses droits. A lire l'enquête réalisée par les trois auteures au sein de cinq prisons d'hommes, on comprend qu'il n'en est rien. Ou plutôt que, lorsque silence il y a, c'est souvent celui de la peur. De fait, le sentiment d'insécurité apparaît bien comme l'une des composantes essentielles du quotidien des personnels pénitentiaires et des personnes incarcérées. Parmi les surveillants interrogés, seuls 16 % disent ne jamais connaître la crainte d'agressions. Fanfaronnades ou pas, la proportion de détenus s'affirmant sereins est plus de deux fois supérieure (39 %). Les uns et les autres s'accordent, en revanche, pour juger, à une forte majorité, que la prison est un milieu violent. La violence qui préside aux rapports entre détenus comme à ceux qui existent entre détenus et surveillants est décrite avec finesse par les sociologues, qui en démontent les mécanismes et les raisons d'apparition, à commencer par la première d'entre elles : la privation de liberté et le dispositif sécuritaire d'enfermement (miradors, grilles, murs, sas...). Cependant, il existe aussi de multiples processus de régulation de la violence, tant du côté des prisonniers, dont le comportement se conforme à une certaine rationalité implicitement partagée, que parmi les professionnels qui interviennent en détention. Ainsi, chez ces derniers, le fait de ne pas tenir uniquement compte du point de vue des personnels pénitentiaires, mais aussi de celui des soignants et des travailleurs sociaux dans les décisions d'affectation des détenus - dans tels bâtiment, division, étage, aile, cellule - contribue à une pacification des relations entre les intéressés. En effet, prendre en considération un ensemble de paramètres comme l'état de santé psychologique et physique des prisonniers, la nature de leur délit, leur situation financière, leur nationalité, leur dangerosité, leurs demandes de travail et de scolarité..., permet de moins mal assortir des personnes condamnées à vivre ensemble dans une grande promiscuité. Ou, plutôt, devrait permettre d'y parvenir, car la surpopulation carcérale rend souvent impossible l'application d'une telle politique, cependant que l'allongement de la durée moyenne des peines constitue un autre puissant ferment de violence.
La violence carcérale en question - Antoinette Chauvenet, Corinne Rostaing et Françoise Orlic - Ed. PUF - 25 € .
Si la centralité du travail est parfois discutée, ce n'est certainement pas par les 15 chômeurs de longue durée qui témoignent dans cette recherche de psychologie clinique - 11 cadres, 2 agents de maîtrise et 3 employées, dont la moyenne d'âge est de 51 ans. A l'instar de spationautes en apesanteur, les intéressés sont libérés des contraintes qui structuraient leur existence. C'est bien pourquoi celle-ci en est notablement affectée. Sur tous les plans : diminution des ressources financières bien sûr, ayant par exemple forcé 10 des 15 sujets à déménager, mais également dégradation de leur santé avec la survenue d'un cortège de troubles psychiques, bouleversement des relations familiales et explosion de nombreux couples. Neuf divorces ou séparations sont directement imputables au chômage, souligne l'auteure : cinq chez les hommes (sur les dix de son échantillon) et quatre chez les femmes (sur cinq). Insistant sur les effets délétères d'une exclusion professionnelle prolongée, qui « propulse le sujet dans une véritable dépression », Patricia Welnowski-Michelet souhaite aussi montrer qu'il est possible de s'en sortir. Ce travail de restructuration identitaire demande du temps. Ainsi, deux ans après avoir retrouvé un emploi, tous les participants à cette enquête ont recouvré une meilleure image d'eux-mêmes. Mais un sentiment d'angoisse perdure chez la plupart d'entre eux. Ils appréhendent de revivre pareille épreuve.
L'identité à l'épreuve de l'exclusion socioprofessionnelle - Patricia Welnowski-Michelet - Ed. L'Harmattan - 27,50 € .
La loi du 11 février 2005 a bouleversé l'approche de la scolarisation des élèves handicapés ou malades en renversant la charge de l'effort d'adaptation. Où en est l'application de ce principe ? Com-ment construire le projet personnalisé de scolarisation ? Comment prévenir les risques de l'intégration ? Autant de questions examinées au cours du colloque organisé, le 15 février 2007, par la FAS (Fédération des autonomes de solidarité) en partenariat avec l'ENS-HEA (Institut national supérieur de formation et de recherche pour l'éducation des jeunes handicapés et l'enseignement adapté).
Actes téléchargeables sur
Accueillir dans son foyer des enfants placés par l'aide sociale à l'enfance, qui n'ont pas connu l'étayage d'une présence parentale sécurisante pour l'établissement de leurs premiers liens, comporte des risques d'accusations de maltraitance et d'abus sexuels. Mais pas seulement. La parole et les comportements de ces enfants, souvent en souffrance psychique, peuvent déstabiliser le théâtre familial lui-même. L'assistant familial et ses proches ne sont pas toujours aidés comme ils devraient l'être par un environnement institutionnel parfois défaillant (voir aussi ASH n° 2521 du 7-09-07, page 21).
L'accueil familial en revue n° 18 - IPI : 50, rue Samson - 75013 Paris - Tél. 01 45 89 17 17 - 20 € .
Dans une période où les notions de pouvoir, de hiérarchie, d'autorité ont été remises en cause, mais où les pratiques de participation, de collectif, voire d'autogestion ont aussi rencontré leurs limites, comment les responsabilités et les décisions se prennent-elles dans les institutions ? Tel était le thème de la matinée d'études organisée, le 18 février 2005, par des professionnels de l'accompagnement d'équipes institutionnelles, éducatives ou soignantes.
Sous la direction de Christine Vander Borght et Muriel Meynckens-Fourez - Ed. érès - Collection Empan - 15 € .