Un an après la création de son ministère et à moins de deux semaines de la présidence française à l'Union européenne dont l'immigration sera un des thèmes prioritaires, Brice Hortefeux a dressé, le 19 juin lors d'une conférence de presse, un bilan d'étape de son action à la tête de son administration.
Le ministre de l'Immigration, de l'Intégration, de l'Identité nationale et du Codéveloppement s'est notamment félicité du « rééquilibrage très net [des flux migratoires] en faveur de l'immigration professionnelle », allant dans le sens de l'objectif qui lui a été assigné par le président de la République. « Sur la période du 1er juin 2007 au 31 mai 2008, le nombre de travailleurs étrangers s'élève à 30 710, soit une progression de 36,7 % [par rapport à] la même période un an plus tôt », a souligné le ministre, qualifiant cette évolution de « sans précédent ». Les cinq premiers mois de 2008 confirment cette tendance, a-t-il encore insisté. « Deux indicateurs le démontrent » : une augmentation de 43 % du nombre de visites médicales pour les migrants venus pour raisons professionnelles et une hausse de 28,6 % des visas de long séjour accordés pour motifs professionnels. En outre, la montée en puissance de l'immigration de travail se traduit, concrètement, par une hausse de la proportion des cartes de séjour délivrées pour des motifs professionnels, passée de 7 % du flux total des entrées durables en France en 2006 à près de 16 % sur les cinq premiers mois de 2008, a expliqué Brice Hortefeux, omettant de préciser que ses chiffres intègrent désormais l'immigration professionnelle intra-communautaire, montée en puissance depuis 2004 et l'entrée de nouveaux pays dans l'Union européenne.
Parallèlement, l'immigration familiale décroît, s'est encore réjoui le ministre. « Du 1er juin 2006 au 31 mai 2007, nous avions accueilli 97 125 personnes à ce titre. Du 1er juin 2007 au 31 mai 2008, ce total est passé à 84 921 personnes. » En un an, l'immigration familiale a ainsi diminué de 12,6 %. Une baisse qui, selon Brice Hortefeux, se poursuit en 2008 « puisque sur les cinq premiers mois de l'année, on enregistre une diminution de 2,8 % des flux d'immigration familiale par rapport à la même période en 2007 ».
Autre satisfecit du ministre : la forte augmentation du nombre d'éloignements d'étrangers en situation irrégulière. De juin 2007 à mai 2008, la France a ainsi reconduit dans leur pays d'origine 29 729 immigrés clandestins. Soit une augmentation de 31 % par rapport à la même période un an auparavant. Tendance accentuée sur les cinq premiers mois écoulés, le nombre de reconduites s'élevant, en effet, à 14 660 contre 8 117 sur la même période en 2007, soit une augmentation de 80 %. Brice Hortefeux a particulièrement insisté sur la part de départs volontaires, dont le nombre a, selon lui, quadruplé en un an. De juin 2007 au 31 mai 2008, ils sont ainsi passés de 1 760 à 8 349, a-t-il affirmé.
Plus globalement, le ministre est convaincu que, « pour la première fois depuis une génération », le nombre de clandestins a diminué en France depuis un an. En l'occurrence, de 8 % (soit 25 000 personnes en moins). Un chiffre qu'il obtient à partir de quatre indicateurs. En premier lieu, le nombre de sans-papiers bénéficiant de l'aide médicale de l'Etat, en baisse de 6,2 % entre septembre 2006 et mars 2008. Mais aussi le nombre d'éloignements depuis un an - c'est-à-dire de sans-papiers présents en France raccompagnés dans leur pays d'origine - qui s'élève à 29 729, ainsi que le nombre de refoulements - c'est-à-dire d'étrangers qui ont tenté d'entrer en France illégalement mais qui ont été empêchés d'y pénétrer -, qui, avec 22 403 personnes refoulées, a baissé de 3 % de juin 2007 à mai 2008. Dernier indicateur : le nombre de demandeurs d'asile déboutés - « c'est-à-dire de personnes susceptibles de s'installer illégalement en France » selon le ministre -, lui aussi en diminution (26 187 personnes déboutées entre le 1er juin 2007 au 31 mai 2008, contre 27 744 sur la même période l'année passée).