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Six organisations veulent la fermeture des EPM et le redéploiement des budgets vers les structures éducatives

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Plus d'un an après l'ouverture du premier établissement pénitentiaire pour mineurs (EPM), en juin 2007, à Meyzieu (Rhône), six organisations - Syndicat de la magistrature, Syndicat des avocats de France, SNPES-PJJ-FSU, CGT-PJJ, CGT-pénitentiaire et Ligue des droits de l'Homme - réitèrent leur opposition à ces structures à travers un « bilan critique ». Les EPM, dénoncent-ils, constituent, « sous couvert de l'amélioration des conditions de détention des mineurs », un « leurre éducatif » tout en banalisant l'incarcération des 13-18 ans, alors que la prison est connue pour être un facteur d'exclusion et de récidive. Ce, au détriment des structures éducatives qui ont fait leurs preuves et en contradiction avec l'esprit de l'ordonnance de 1945. Le SNPES (Syndicat national des personnels de l'éducation et du social)-PJJ-FSU fait circuler une pétition « pour la fermeture des EPM » qui a déjà recueilli des dizaines de signatures d'organisations associatives, syndicales et de personnalités, tandis que la CGT-PJJ a adressé le 9 juin une lettre ouverte aux magistrats de la jeunesse sur le ton de la mise en garde : « Le taux de remplissage des EPM commence à poser question. A plusieurs reprises ces établissements ont été saturés, au point que des projets de doublement des cellules ont été projetés. Nous sommes très loin du cahier des charges ! »

Au 1er juin 2008, 762 mineurs étaient incarcérés, dont 180 dans les EPM. Six établissements fonctionnent désormais, l'ouverture de celui de Meaux-Chauconin (Seine-et-Marne) étant programmée pour fin 2008. « Ces trois dernières années, le nombre de mineurs incarcérés augmente, signale Michel Faujour, du SNPES-PJJ. Il a crû de 6 % de 2007 à 2008 ». Ce qui confirme le risque d'une « inflation carcérale » des mineurs, d'autant que les quartiers pénitentiaires pour mineurs n'ont pas tous fermé. « Les EPM ont drainé pour leur seule construction plus de 100 millions d'euros alors que l'on ne compte plus le nombre de mesures du milieu ouvert en attente, de structures éducatives qui ferment », déplore Hélène Franco, secrétaire générale du Syndicat de la magistrature. « Un seul de ces EPM de 60 places équivaudrait à six foyers éducatifs de 10 places et huit services d'insertion professionnelle pour 250 mineurs ainsi que dix services de milieu ouvert, soit 1 500 jeunes suivis », calcule le SNPES, qui déplore « la fermeture de trois à cinq structures d'hébergement collectif par an » ces dernières années. L'inquiétude est renforcée par un document de travail émanant de la direction de la protection judiciaire de la jeunesse, qui, dans le cadre de la rationalisation du dispositif d'hébergement du secteur public, émet l'hypothèse de la fermeture d'une vingtaine de foyers éducatifs d'ici à 2011.

Quelle est la réalité de la prise en charge dans ces structures qui, selon leur cahier des charges, doivent mettre l'accent sur l'action éducative et le projet de réinsertion ? « La continuité éducative est mise à mal, explique Maria Inès, secrétaire nationale du SNPES-PJJ, car il y a un chevauchement entre l'action des éducateurs qui interviennent dans les EPM et ceux qui suivaient le jeune auparavant en milieu ouvert. » Ces derniers, qui doivent obéir à des procédures strictement encadrées pour les visites, « ont du mal à rencontrer les jeunes ». Autre problème, que les établissements ont cependant commencé à résoudre en assouplissant leur cahier des charges : la surcharge des activités collectives (60 heures par semaine) accentue les tensions. « Les phénomènes de bandes qui existent à l'extérieur se reproduisent à l'intérieur, témoigne Alain Dru, secrétaire général de la CGT-PJJ. La violence est très présente et l'architecture est telle que les deux personnes présentes (un éducateur et un surveillant) pour dix jeunes ne peuvent surveiller toute l'unité de vie. »

La liste des réprobations est longue : les activités éducatives font défaut, ajoute Alain Dru, et les unités médicales sont, dans la plupart des EPM, « réduites à leur plus simple expression ». Les 20 heures de cours par semaine ne sont pas non plus au rendez-vous : « Quelle était la faisabilité d'un tel objectif quand il s'agit de mineurs en rupture scolaire et n'étant plus, pour un grand nombre, sous obligation scolaire ? » Autre souci : le maintien des liens familiaux car « certains établissements, mal desservis par les transports en commun, ne disposent pas d'abri pour recevoir les familles en entretien, [et certaines] sont encore reçues sur le parking de l'établissement ». Les transferts décidés par l'administration pénitentiaire - le service éducatif ne peut émettre qu'un avis consultatif - aggravent parfois l'éloignement familial. Les syndicats d'éducateurs, en outre, ne remarquent pas d'amélioration dans les solutions de sortie proposées aux jeunes, dont le temps d'incarcération moyen est de deux mois et demi. L'administration indique, pour sa part, qu'elle devrait achever son premier bilan des EPM dans les prochaines semaines.

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