Depuis 40 ans, le nombre de familles monoparentales ne cesse de croître : il a été multiplié par 2,5 depuis 1968. Si bien qu'en 2005, on dénombrait 1,76 million de foyers monoparentaux et que 2,84 millions d'enfants de moins de 25 ans y vivaient, soit 17,7 % contre 7,7 % en 1968. Le phénomène est connu et facteur de précarité (1). Pour la première fois, l'INSEE a, au travers de ses enquêtes de recensement, regardé de plus près les conditions d'emploi et de logement de ces familles (2).
Dans 85 % des cas, les adultes à la tête des familles monoparentales sont des femmes. Or celles-ci sont un peu moins souvent en emploi (68 %) que leurs homologues qui vivent en couple (72 %). Et celles qui sont sans travail se déclarent plus souvent chômeuses (54 %), donc à la recherche d'un emploi, que les mères qui vivent en couple (31 %). En revanche, quand elles travaillent, elles sont moins souvent à temps partiel (26 %) que les autres (34 %). Mais ce taux varie fortement selon la catégorie socioprofessionnelle : 16 % des cadres ont un temps partiel, contre 39 % pour les mères qui ont un emploi non qualifié et qui sont moins bien loties au plan de la rémunération et des conditions de travail. Au total, une mère de famille monoparentale sur deux occupe un emploi à temps complet, soit à peine plus que les mères en couple.
De plus, les emplois occupés ne sont pas les mêmes. Les mères de familles monoparentales sont un peu plus présentes que les autres parmi les agents de service, les personnels de nettoyage, les aides à domicile, les agents administratifs de la fonction publique. En revanche, elles sont moins souvent professeures des écoles. Il est vrai aussi qu'elles ont un niveau de formation inférieur : 23 % ont un diplôme de l'enseignement supérieur contre 30 % des mères de famille qui vivent en couple. Elles sont aussi moins souvent que les autres assistantes maternelles, sans doute en lien avec leurs conditions d'habitat. En effet, 20 % des mères de familles monoparentales occupent un logement où il manque une ou deux pièces selon l'indicateur usuel de surpeuplement. 28 % seulement sont propriétaires de leur logement et 36 % vivent dans une maison. Enfin, 17 % des pères de familles monoparentales et 9 % des mères résident avec d'autres personnes, souvent leurs propres parents pour les plus jeunes. Dans ces cas de cohabitation, 42 % des logements comptent trop d'occupants.
Qu'il s'agisse d'emploi ou de logement, la situation des pères de familles monoparentales est, en moyenne, moins défavorable que celle des mères, même si le taux des sans-emploi (20 %) est supérieur à celui des hommes en couple avec enfants (12 %).
(2) « Les familles monoparentales. Des difficultés à travailler et à se loger » - INSEE première n° 1195 - Juin 2008 - Disponible sur