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Chiffrage du chômage : à quoi joue l'INSEE ? demande le collectif ACDC

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Les propositions du CNIS (Conseil national de l'information statistique) comportent des « avancées intéressantes » pour renouveler les indicateurs du chômage et de son « halo » (voir ce numéro, page 6), mais cet organisme « demeure insuffisamment innovant » sur la mesure de la qualité des emplois. Ayant fait partie du groupe de travail du CNIS, le collectif « Les autres chiffres du chômage » fait une analyse détaillée de son rapport (1), en se félicitant d'abord qu'il reconnaisse clairement la fiabilité de l'« enquête Emploi » de l'INSEE pour mesurer les évolutions du chômage. Celle-ci avait en effet été mise en doute, y compris quand l'institut lui-même avait, en février 2007, en pleine campagne électorale, renoncé à valider son enquête 2006 (2), qui rectifiait l'importance de la baisse du chômage affichée par l'ANPE.

ACDC salue également des propositions innovantes comme celle de publier un indice trimestriel de « l'emploi insatisfaisant », ou d'inclure des indicateurs de conditions de travail. En revanche, le collectif désapprouve « globalement la manière dont est éludée la question de «l'emploi inadéquat» ». L'indicateur mesurant le nombre de personnes souhaitant changer d'emploi « est intéressant en soi », mais « n'épuise pas la question ». Renvoyer la réflexion sur ce qu'est un emploi de qualité à de futurs travaux est « une occasion perdue », juge-t-il.

De même le rapport valide l'utilisation de la notion de « sous-emploi » au sens de la durée du travail, mais il refuse de prendre en compte « le sous-emploi des qualifications », de même que les bas salaires et les mauvaises conditions de travail, regrette le collectif. Comment expliquer alors les démissions en nombre ou bien les difficultés de recrutement de certains secteurs ?, demande-t-il. La notion de « bas salaire » (défini comme le salaire mensuel inférieur aux deux tiers du salaire médian) est largement répandue dans les études du marché du travail en Europe, ajoute-t-il. « Il est regrettable qu'elle ne soit pas mesurée régulièrement par le système statistique public français. »

Mais au-delà de ces critiques, le collectif s'interroge plus fondamentalement sur l'utilité des travaux du CNIS dans la mesure où l'INSEE « pratique le fait accompli », sans consultation de cette instance. En septembre 2007, l'institut a modifié le mode de calcul du chômage au sens du BIT, réduisant ainsi d'un point le taux de chômage officiel (3). Il vient de récidiver en modifiant la question posée à propos du sous-emploi - à ce jour « le seul indicateur qui permet d'évaluer, même de façon rudimentaire, la dégradation de la qualité des emplois » -, ce qui a sorti brutalement 300 000 personnes de la statistique et fait passer le taux de sous-emploi de 5,6 % à 4,4 %. Deux « miracles » opportuns, qui ont pour inconvénient d'introduire une rupture dans les séries et d'empêcher toute analyse à moyen et long terme.

Notes

(1) Disponible sur http://acdc2007.free.fr.

(2) Voir ASH n° 2498 du 16-03-07, p. 13.

(3) Voir ASH n° 2531 du 16-11-07, p. 12.

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