Face à la protection des revenus et des patrimoines par un « bouclier fiscal », ne faut-il pas créer un « bouclier social » garantissant des conditions de vie dignes incluant un revenu minimal ? La question est posée par le Réseau européen de lutte contre la pauvreté (EAPN), dont la branche hexagonale vient de préciser les quatre objectifs qu'elle propose à la prochaine présidence française de l'Union européenne (1).
Pour elle, il s'agit d'abord de faire reconnaître la possibilité, pour les personnes les plus éloignées de l'emploi, de retravailler un jour. Pas question, donc, d'enfermer ces dernières dans une catégorie qui entérinerait l'opinion selon laquelle elles seraient inaptes à travailler. Pas question non plus de réserver les politiques d'inclusion active aux personnes « employables ». Le respect de la dignité de la personne humaine doit conduire à reconnaître à tous un droit à des ressources « suffisantes, stables et prévisibles » sur une durée d'au moins un an, poursuit EAPN-France, ce « revenu minimum adéquat » devant constituer non seulement un filet de sécurité pour les « pauvres » mais aussi un levier nécessaire à leur insertion sociale.Troisième objectif : faire reconnaître le droit à des services sociaux de qualité pour tous, avec un accompagnement pour les personnes les plus fragiles. La quatrième proposition est une condition pour faire avancer les trois autres : il s'agit de renforcer la prise en compte de la parole des personnes fragiles et pauvres dans l'élaboration des politiques qui les concernent. Les institutions, publiques et privées, « doivent donc se redonner comme priorité l'accueil et l'écoute » de ces personnes.
Par ailleurs, le réseau demande l'adoption d'un agenda européen détaillé sur les services sociaux d'intérêt général (SSIG), prévoyant l'adoption à terme d'un cadre juridique spécifique.
(1) Disponible sur w