Deux nouvelles revues pour stimuler les échanges sur le handicap

« Le développement, le recueil et la diffusion des connaissances concernant le handicap sont encore trop faibles dans les pays européens. [...] Un accroissement, un croisement et une collaboration des points de vue se font urgents. » Les revues de haut niveau sur le handicap sont rares, et la plupart ont un objet restreint. Quant aux généralistes, elles sont limitées à une seule aire culturelle. C'est en partant de ces constats que des spécialistes de différentes disciplines, regroupés derrière Henri-Jacques Stiker, ont créé la revue Alter. Sous ce mot latin « qui vise ce qui est ou apparaît différent et en transformation », est donc né un trimestriel axé sur les sciences humaines et sociales, avec des articles publiés soit en français, soit en anglais, avec un résumé dans les deux langues.

Le volume 1 sorti en novembre dernier, « qui était aussi un numéro zéro » reconnaît l'éditeur, est resté plutôt confidentiel. Le volume 2 vient de sortir (1), avec cinq articles, dont l'un est consacré à la création d'un « espace social européen du handicap ». La revue se veut d'ailleurs européenne, et si sa cheville ouvrière est française, son comité de rédaction compte 20 représentants d'institutions étrangères (européennes et nord-américaines) sur 32 membres.

Même souci d'échanges internationaux et de transdisciplinarité du côté d'Interactions, la revue que vient de créer le CTNERHI (Centre technique national d'études et de recherches sur le handicaps et les inadaptations). Mais ici des spécialistes des neurosciences, de l'ingénierie et des aides techniques côtoient au comité de rédaction historien et juriste, Christian Rossignol étant le rédacteur en chef. Objectif : traiter « principalement des rapports entre altérations corporelles, dysfonctionnements et handicaps ainsi que de leurs incidences sur le plan subjectif et sur le plan social ». Et cela, en évitant si possible « l'abus de jargons disciplinaires » pour être accessible autant aux professionnels qu'aux usagers des services. Les quatre articles du numéro 1 - dont l'un, consacré à l'autisme, remonte du constat clinique de difficulté de perception du mouvement aux désordres neurobiologiques et génétiques qui lui sont associés - sont disponibles uniquement (et gratuitement) sur Internet (2).