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« Nous observons l'émergence de travailleurs pauvres parmi nos salariés »

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La précarité de certaines catégories de personnel du secteur social et médico-social pourrait mettre le fonctionnement des institutions en difficulté. Dans un courrier adressé à plusieurs ministres, aux fédérations d'employeurs et aux syndicats, Luc Gruson, président de l'ADC (Association de directeurs, cadres de direction et certifiés de l'Ecole des hautes études en santé publique) (1), s'alarme de cette situation nouvelle.
Pourquoi cette interpellation ?

Le conseil d'administration de l'association, qui représente toutes les régions et tous les secteurs - public, privé, de la petite enfance aux personnes âgées -, laisse à chacune de ses réunions un temps de parole sur des questions librement choisies. Au mois de mars, la délégation de Provence-Alpes-Côte-d'Azur a tenu à témoigner du nombre grandissant de salariés ayant de faibles revenus et confrontés à la précarité sociale. Sur l'ensemble du territoire, nous observons de fait l'émergence de travailleurs pauvres parmi certains de nos salariés. Ce phénomène, qui touche environ 5 % des professionnels, surtout de niveau V, comme les aides médico-psychologiques, n'existait pas il y cinq ans. Dans nos conventions collectives, les minima conventionnels sont au niveau du SMIC. Difficile pour les plus bas salaires de s'en sortir, compte tenu de la perte du pouvoir d'achat et de la réalité économique. Certains nous demandent une avance dès le 17 du mois, d'autres ne peuvent venir travailler faute de pouvoir acheter de l'essence ou rencontrent des problèmes de surendettement. Nous recevons parfois des demandes de saisies sur salaire par le fisc. Face à cette situation, nous avions, en tant que directeurs, deux options : nous en tenir aux constats ou les porter à la connaissance de nos partenaires. Une motion a été prise pour que je relaie notre inquiétude aux ministres de la Solidarité, de la Santé, de la Fonction publique, au directeur général de l'action sociale, au président de l'Unifed, de la Fegapei, et aux centrales syndicales. L'initiative peut paraître surprenante, mais il était de notre responsabilité de la prendre.

Que demandez-vous dans ce courrier ?

La situation de ces salariés, à qui on demande d'accompagner des populations elles-mêmes en grande difficulté, est préjudiciable à leur plein investissement professionnel. Au moment de rénover certaines conventions collectives et de revoir certains statuts dans la fonction publique hospitalière, à l'heure des négociations salariales, nous réclamons une revalorisation sensible de ces catégories de personnel. Il en va, dans la perspective du remplacement des générations actuelles de nos collaborateurs, de l'attractivité de notre secteur, qui doit pouvoir continuer à embaucher des personnels motivés et qualifiés.

Quelles réponses avez-vous obtenues ?

La Fédération de la santé et de l'action sociale de la CGT nous a très rapidement répondu qu'elle partageait nos constats, tout en exprimant ses craintes sur les perspectives de la rénovation de la convention collective du 15 mars 1966 (voir ce numéro, page 37). La Fegapei souligne dans sa réponse qu'elle est porteuse de cette réforme, dont les enjeux concernent notamment le renouvellement démographique et les bas salaires. L'Unifed nous informe que la politique salariale n'est pas négociée à son niveau et le chef de cabinet d'Eric Woerth, ministre de la Fonction publique, indique qu'il a « prescrit un examen attentif » de notre dossier. Dans un courrier du 9 mai, le directeur de cabinet de Xavier Bertrand écrit pour sa part qu'il transmet nos réflexions à la direction de l'hospitalisation et de l'organisation des soins et, s'agissant des établissements du secteur privé à but non lucratif, qu'il saisit la direction générale de l'action sociale. Un échange téléphonique a eu lieu avec cette dernière, qui estime que, l'enveloppe étant fermée, la renégociation des bas salaires se fera forcément au détriment des autres ! Nous ne demandons pas une uniformisation des rémunérations, simplement une réduction des écarts...

Votre position sur les débats actuels sur la rénovation de la CC 66 ?

En tant que directeur et employeur, j'estime qu'il faut d'abord réorganiser les conditions de travail et les métiers, avant d'aborder la question salariale. Je suis favorable, à travers cette réforme, à la valorisation des bas salaires et des situations d'emploi, alors qu'aujourd'hui, le poids de l'ancienneté représente jusqu'à 60 % de la rémunération !

Notes

(1) ADC : BP 10 - 14320 Saint-André-sur-Orne - Tél. 02 31 15 29 80.

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