Quelles sont les caractéristiques des unités spécifiques Alzheimer selon les 922 établissements d'hébergement pour personnes âgées en ayant une ? L'observatoire des dispositifs de prise en charge et d'accompagnement mis en place par la Fondation Médéric Alzheimer leur a proposé de retenir cinq critères parmi une liste de 14 (1).
Selon les 520 établissements ayant répondu à cette enquête, cinq critères se dégagent nettement : un environnement sécurisé (cité par 65 % des répondants), un personnel formé (60 %), la liberté d'aller et venir pour les résidents (57 %), l'accueil assuré jusqu'à la fin de vie (56 %), un projet de soins spécifique et individualisé (54 %).
Un deuxième bouquet de critères revient assez fréquemment : une place privilégiée accordée aux familles (46 %), un environnement architectural adapté (38 %), une simulation cognitive régulière adaptée aux déficits (33 %) et la liberté d'adapter les horaires aux habitudes de vie des résidents (32 %).
Un troisième ensemble est nettement moins retenu : une coordination régulière entre médecin coordinateur et médecin traitant (16 %), un accès organisé à un avis psychiatrique (13 %), une population ciblée homogène (12 %), une procédure d'accompagnement de fin de vie (11 %) et un suivi thérapeutique protocolisé (6 %).
A partir du choix de ces critères, les chercheurs Jean-Pierre Aquino et Michèle Frémontier ont réalisé une typologie des établissements en les classant en quatre groupes.
Le premier cherche avant tout à concilier sécurité et liberté. Plus souvent que les autres, ces établissements retiennent un environnement sécurisé (89 %), la liberté d'aller et venir (82 %), la place privilégiée accordée aux familles (60 %) et l'accès à un avis psychiatrique (28 %). En revanche, ils attachent moins d'intérêt à un personnel formé (29 %) et à un projet de soins spécifique (17 %).
Le deuxième groupe insiste sur la médicalisation, en particulier sur le projet de soins spécifique et individualisé (91 %). Il accorde aussi volontiers une place privilégiée aux familles (59 %) et cible plus fréquemment une population homogène (25 %). Ces établissements s'attachent plus rarement à la liberté d'aller et venir (13 %).
Le troisième groupe accorde la priorité aux aspects psycho-relationnels, donc à la formation du personnel (80 %), à la liberté d'adapter les horaires aux habitudes de vie des résidents (68 %), à un environnement architectural adapté (55 %) et à la stimulation cognitive (45 %). En revanche, il accorde moins d'importance que la moyenne à la sécurisation de l'environnement (43 %) et à l'accueil assuré jusqu'à la fin de vie (17 %). Le secteur public est surreprésenté dans ce groupe.
Enfin, le dernier ensemble, dans lequel le secteur privé commercial est surreprésenté, privilégie l'accueil jusqu'à la fin de vie (89 %) et a plus souvent mis en place une procédure d'accompagnement dans ces circonstances (35 %). Il accorde aussi plus d'importance à la coordination entre le médecin coordinateur et le médecin traitant (40 %). En revanche, ces établissements retiennent plus rarement que la moyenne la stimulation cognitive régulière (13 %), l'environnement architectural adapté (6 %) et la place accordée aux familles (16 %). Pour les auteurs de l'étude, il s'agit peut-être d'établissements qui accueillent des résidents à un stade très avancé de la maladie.
« Ces groupes ne sont pas totalement homogènes, mais ils donnent des tendances très nettes », indiquent les auteurs.
(1) « Les unités spécifiques Alzheimer, quatre pistes pour une typologie » - La Lettre de l'Observatoire des dispositifs n° 6 - Disponible sur