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Le vieillissement, même relativisé, réclamera à la fois plus d'aide professionnelle et plus d'aide aux aidants

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Quels seront les besoins d'aide professionnelle des personnes âgées en perte d'autonomie dans les prochaines décennies ? Ils devraient augmenter, mais peut-être moins qu'on l'imagine au vu des seules projections démographiques. Les évaluations, difficiles, dépendent en effet non seulement du vieillissement prévu, mais aussi de l'état de santé des personnes âgées et de la disponibilité de leurs aidants familiaux potentiels. Une étude menée dans neuf pays européens, dont la France, donne quelques indications à ce sujet (1).

On le sait depuis longtemps, les hommes âgés en situation d'incapacité ont beaucoup plus de chances que les femmes d'avoir un conjoint auprès d'eux. En 2000, c'était le cas pour 66 % des hommes de 75 à 84 ans contre 25 % des femmes du même âge et pour 42 % des hommes de 85 ans et plus, contre 9 % des femmes de cette tranche d'âge. La situation va évoluer dans les prochaines années en fonction de deux facteurs contraires : la baisse du veuvage du fait de l'allongement de l'espérance de vie dans les deux sexes, mais aussi la proportion croissante de divorcés. Si bien qu'en 2030, le taux des personnes de 75 à 84 ans dépendantes vivant avec un partenaire sera de 64 % pour les hommes et de 40 % pour les femmes, et, pour les plus de 85 ans, respectivement de 40 % et 22 %.

Parallèlement, la proportion de personnes âgées sans enfants diminuera. Si bien que le taux de personnes sans partenaire ni enfants diminuera également, l'évolution la plus forte concernant les femmes de 85 ans, qui seront isolées dans 15 % des cas en 2030, contre 23 % en 2000. Cependant, les taux en diminution s'appliquant à des effectifs en forte hausse, le nombre de personnes dépendantes et isolées sera en augmentation en nombre absolu.

Si l'état de santé reste identique à celui d'aujourd'hui, la population des Européens âgés de plus de 75 ans dépendants pourrait augmenter de 72 % d'ici à 2030, et de 80 % en France. Mais dans une hypothèse où toutes les années gagnées en espérance de vie sont des années en bonne santé (vraisemblable du fait de l'amélioration du niveau d'instruction, de la moindre pénibilité physique du travail, de l'amélioration de la prévention et des progrès de la médecine), cette augmentation pourrait n'être que de 41 % en moyenne, et de 52 % pour la France. Dans ce cas de figure, la population dépendante sans aidant familial potentiel n'augmenterait en France que faiblement. En revanche, le groupe des personnes dépendantes ayant à la fois un conjoint et un enfant augmenterait fortement.

Reste à savoir si ces aidants potentiels seront des aidants effectifs. Car la population dépendante, de plus en plus âgée, aura des besoins d'aide de plus en plus lourds. Dans les couples de personnes âgées, le conjoint, premier aidant potentiel, sera, lui aussi, de plus en plus vieux. Il présentera des problèmes de santé dans un cas sur deux. Enfin le, ou les, enfants, de plus en plus poussés à la mobilité professionnelle, donc à l'éloignement, voient également reculer l'âge de la retraite, donc de la disponibilité.

Autant de facteurs qui conduisent à s'interroger sur la mobilisation réelle des aidants familiaux potentiels et laissent augurer à la fois une augmentation de la demande d'aide aux professionnels et un besoin accru d'aide aux aidants.

Notes

(1) « Comment les personnes dépendantes seront-elles entourées en 2030 ? Projections européennes » - Population et sociétés n° 444 - Avril 2008 - Disponible sur wwww.ined.fr - Les pays étudiés sont l'Allemagne, la Belgique, la Finlande, la France, l'Italie, les Pays-Bas, le Portugal, la République tchèque et le Royaume-Uni.

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