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ENFANCE - FAMILLE

Les crèches dans un réseau de prévention précoce

Pour accueillir dans de bonnes conditions les tout-petits porteurs de handicap et ceux dont la famille souffre de problèmes multiples (sociaux, médicaux, psychologiques), l'Association des crèches d'Aix-en-Provence, gestionnaire d'une vingtaine de structures multi-accueil, s'est dotée, il y a près de 15 ans, d'un service de prévention et de soutien. Le soutien, en l'occurrence, est celui des professionnelles des crèches, qu'il s'agit d'accompagner dans leur travail auprès des enfants et de leur famille. A cet effet, les personnes-ressources du service - une éducatrice spécialisée, qui le coordonne, une pédiatre, des psychologues et des psychomotriciens - interviennent régulièrement dans les structures. Elles s'emploient à repérer avec les équipes les difficultés rencontrées et les signes de souffrance que peuvent présenter les enfants. En travaillant en réseau avec les différents spécialistes du soin et/ou du social qui entourent les familles - et dont plusieurs témoignent dans cet ouvrage collectif -, le but est aussi de rompre le sentiment d'isolement souvent éprouvé par les puéricultrices, et de favoriser la cohérence dans l'accompagnement de l'enfant et de ses parents, précise Martine Garin, coordinatrice du service.

Dans une position un peu périphérique par rapport aux professionnelles présentes au quotidien auprès des enfants, les intervenants peuvent aussi jouer un rôle tiers entre celles-ci et les parents. Ces derniers ne confient pas tous leur enfant à la crèche de gaieté de coeur : ils se conforment parfois à un conseil ou une orientation, voire à une « prescription médicale » ou encore à une contrainte judiciaire. Or « la grande proximité, le lien d'attachement entre l'enfant et le professionnel peuvent être ressentis comme dangereux pour certains parents déjà fragilisés dans leur imago parentale », fait observer Martine Garin, insistant sur l'écoute dont les puéricultrices ont elles-mêmes besoin pour pouvoir entendre la douleur de ces parents.

Réfléchir ensemble, en respectant le rôle et la place de chacun, pour tenter de répondre de façon concertée aux besoins de l'enfant et de sa famille : tel est aussi l'objet du travail développé par le service avec les partenaires des crèches, notamment la protection maternelle et infantile, le centre d'action médico-sociale précoce et les services sociaux. Avec ces derniers, la collaboration n'est pas toujours exempte de tensions, tant les points de vue sur les familles peuvent être différents, explique Denise Meniker, directrice d'une structure multi-accueil. C'est pourquoi, à cet égard aussi, la coordinatrice du service a une fonction essentielle de médiatrice entre les différents protagonistes. « Avec l'expérience, fait observer l'intéressée, nous pouvons constater que la crèche a une place bien particulière dans le réseau : ni lieu de soins, ni service social », elle est un lieu de vie qui est, pour certaines familles, « le seul lien social encore préservé. » Un lieu où, quelles que soient leurs difficultés, leur qualité de parents est reconnue à part entière.

Les crèches dans un réseau de prévention précoce - Sous la direction de Marie-Laure Cadart - Ed. érès - 12 € .

SOCIÉTÉ

La frénésie sécuritaire

De 2002 à 2007, 40 lois ont modifié le code de procédure pénale et 30 le code pénal. Autant dire qu'il s'agit là d'une activité législative exceptionnelle : elle est même « sans équivalent dans le passé », affirme Jean Danet, avocat honoraire, redoutant que cette « frénésie pénale » ne diminue pas l'insécurité sociale. « Chaque nouvelle loi est votée en urgence, alors que la précédente vient à peine d'entrer en vigueur », commente le sociologue Laurent Mucchielli, maître d'oeuvre de cet ouvrage collectif. En réalité, ajoute-t-il, « tout se passe comme si, paradoxalement, la lutte contre l'«insécurité» devenait moins un problème qu'une solution pour les pouvoirs publics : le moyen d'afficher leur détermination et de montrer qu'ils agissent ». Alliant dramatisation et désinformation, cette stratégie conduit à faire subir de sérieuses déformations au réel, voire à diffuser sciemment de véritables contrevérités. Domaine emblématique d'un « populisme pénal » où les chiffres ne sont pas toujours à prendre au pied de la lettre, la justice des mineurs a connu « une cascade de lois émotives et déclaratives », au cours des dernières années, explique Christine Lazerges, professeure de droit à l'université Paris-I. Ainsi, depuis 2002, sept textes - tous adoptés selon la procédure d'urgence, sauf la loi du 5 mars 2007 relative à la prévention de la délinquance - sont venus « participer à l'abandon progressif du modèle protectionniste et à l'abaissement, à peine voilé, de la majorité pénale à 16 ans », analyse la juriste. La sanction serait-elle plus efficace que l'éducation ? Pour répondre à cette question, le législateur français serait bien inspiré d'aller consulter les statistiques... étrangères. A ne considérer que les pays européens, c'est en Angleterre où les réponses répressives ont été les plus durcies que la part des mineurs délinquants dans la criminalité globale est la plus forte, souligne Christine Lazerges.

La frénésie sécuritaire. Retour à l'ordre et nouveau contrôle social - Sous la direction de Laurent Mucchielli - Ed. La Découverte - 10 € .

Paroles immigrées

En 2006, la cafétéria d'un foyer Adoma (ex-Sonacotra) de la région parisienne s'est transformée en atelier-conte deux soirs par semaine pendant un mois et demi. Nora Aceval, arabophone du Maghreb, et Robert Nana, conteur d'un pays du Sahel parlant plusieurs langues de cette région, sont venus au-devant des travailleurs immigrés qui habitent dans cette résidence. « Par l'union symbolique des deux conteurs dans le même espace de parole », cette rencontre était aussi une rencontre interculturelle entre les deux principaux groupes de résidents : les Maghrébins et les Sahéliens qui cohabitent dans une méfiance réciproque, explique Bernard Zimmermann, président de l'association Soleil en Essonne à l'origine de cette initiative. A cet égard, le résultat de ces soirées aura été plutôt mitigé, reconnaît-il. D'autant qu'il est difficile de prendre langue avec des hommes habitués par leur culture à ne pas exprimer leurs sentiments, et que seuls les plus curieux des 300 résidents - surtout des Maghrébins - ont participé à ces soirées. Elles sont ici restituées avec une grande sensibilité par Nora Aceval et Robert Zimmermann. Ne dissimulant pas le poids du silence que les conteurs doivent affronter quand nul ne rebondit sur leurs récits, ils montrent comment, peu à peu, une histoire en appelle une autre. Les mémoires alors revivent tandis que la parole circule.

Paroles immigrées. Onze soirées dans un foyer de travailleurs - Nora Aceval, Bernard Zimmermann - Ed. L'Harmattan - 13 € .

ÉDUCATION

Prof toi-même !

L'enseignement n'étant pas un sport de combat, les professeurs ne sont pas spécialement préparés à affronter l'indiscipline et la violence. D'où le désarroi, voire le désespoir, qui peut les saisir quand ils y sont quotidiennement confrontés. La pédopsychiatrie de secteur, censée aider les intervenants qui agissent en faveur de l'enfance et de l'adolescence, n'aurait-elle rien à proposer pour soutenir ces enseignants désemparés ? En réponse à cette question qui lui a été posée, il y a une dizaine d'années, par l'élu d'un arrondissement du nord-est parisien, l'équipe du 11e secteur de Paris a mis en place un dispositif qui fonctionne depuis lors sans désarmer. Novateur par sa destination, à défaut de l'être dans sa forme, celui-ci consiste en groupes de parole, qui se tiennent à l'intérieur d'établissements scolaires (essentiellement du secondaire), et accueillent les enseignants, personnels médico-sociaux et cadres pédagogiques qui souhaitent venir exprimer leur trop-plein de difficultés. Lors de ces réunions mensuelles d'une heure et demie, un ou deux psychiatres, toujours accompagnés du même co-équipier, Serge Poignant, éducateur spécialisé, prêtent l'oreille aux participants - ne sortant de cette position d'écoute que pour livrer, de temps à autre, « quelques petites touches interprétatives », selon une formule du Dr Alain Haddad, initiateur de ces cellules de soutien psychologique. Une fois n'est pas coutume : Serge Poignant rompt ici le silence pour restituer, lui aussi à la manière impressionniste, l'essentiel de ce qu'il a vu, perçu et entendu lors de ces séances. C'est souvent drôle car l'auteur a un réel talent de conteur. Mais sur le fond, évidemment, les situations relatées n'ont rien de très réjouissant. On suit donc volontiers Serge Poignant quand il appelle à ne pas « laisser les enseignants seuls pour s'occuper de cette jeunesse ».

Prof toi-même ! - Serge Poignant - Ed. Actes Sud - 18 € .

À LIRE AUSSI

Le berceau vide

La mort d'un bébé avant sa naissance ou peu de temps après celle-ci produit un véritable séisme dans la famille, explique Marie-José Soubieux. Pédopsychiatre et psychanalyste dans le service de diagnostic prénatal et de médecine foetale de l'Institut de puériculture de Paris, l'auteure témoigne du drame que représentent de tels décès pour les parents de l'enfant, ainsi que pour ses frères et soeurs - les aînés comme les cadets de l'absent -, et pour ses grands-parents.

Le berceau vide. Deuil périnatal et travail du psychanalyste - Marie-José Soubieux - Ed. érès - 25 € .

- ACTES DE COLLOQUES -

Les innovations pédagogiques dans les instituts de formation des travailleurs sociaux

Analyses et témoignages ont nourri la deuxième biennale du GNI (Grou-pement national des instituts régionaux de travail social), tenue les 7 et 8 juillet 2006 sur le thème de l'innovation pédagogique. Avec des débats plus particuliers sur la place des apprenants, le profil des formateurs, la transversalité, l'alternance, les formations ouvertes ou à distance, la recherche ou encore les activités d'expression et de créativité.

Le Sociographe n° 1/2007 - 1011, rue du Pont-de-Lavérune - CS 70022 - 34077 Montpellier cedex 3 - Tél. 04 67 07 82 73 - 15 € (+ 1,50 € de port).

Etats des savoirs sur la maltraitance

Lors des états généraux de la maltraitance qu'elle a organisés en novembre 2005, l'Afirem (Association française d'information et de recherche sur l'enfance maltraitée) a d'abord voulu faire le point sur les avancées et les connaissances acquises, mais aussi prendre acte des constats d'inefficacité, des dérives et des questions qui restent à résoudre. Les politiques et les professionnels ont échangé des expériences et des idées parfois contradictoires.

Ed. Karthala - www.karthala.com - 32 € .

Vie affective, sexualité et intimité des personnes en situation de fragilité

« Pas de ça ici », « C'est un faux problème », « On verra ça plus tard », « Parles-en à ton référent »... Le déni ou l'évitement sont encore des stratégies courantes dans les institutions quand affleurent des questions ou des attitudes dérangeantes autour de la vie affective et sexuelle. Le Creahi Poitou-Charentes a réuni, le 27 novembre 2007, des professionnels qui ont entendu des témoignages et débattu de l'accompagnement possible. « On ne naît pas tiers, on le devient. »

Disponible auprès du Creahi Poitou-Charentes : 3, rue Georges-Servant - 86000 Poitiers - Tél. 05 49 88 22 00 - 25 € .

Femmes et VIH

Dix ans après le premier colloque français sur la question des femmes et du VIH, où en sommes-nous ? Ques-tion posée lors des journées de réflexion des 30 novembre et 1er décembre 2007, organisées par Act Up-Paris, le Planning familial et Sida Info Service. L'occasion de replacer l'épidémie dans son contexte, de mesurer les avancées de la recherche, de s'arrêter sur des questions importantes comme la sexualité et la visibilité, de faire le point, aussi, sur les diverses formes de mobilisation.

Document disponible auprès des associations organisatrices et téléchargeable sur www.actupparis.org/article3306.html.

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