Le 22 avril, l'Observatoire national sur la formation, la recherche et l'innovation sur le handicap (Onfrih) a rendu public son programme de travail pour la période 2008-2010, au préalable validé par la secrétaire d'Etat à la solidarité, Valérie Létard. Créée par la loi « handicap » du 11 février 2005 et installée en avril 2007, cette instance est chargée d'établir l'état des lieux des réalisations en la matière (1) et d'émettre des préconisations que les opérateurs concernés doivent prendre en compte dans leurs actions. Son planning de travail se décompose en trois programmes annuels traduisant une répartition de chaque champ de son action sur trois ans, étant précisé que des ajustements seront apportés à la fin de chaque année. Il comporte en outre un volet thématique différent tous les ans.
« Les rapports récents [...] soulignent tous que la recherche sur le handicap en France est insuffisante et émiettée. » Aussi, l'Onfrih a-t-il décidé de consacrer ses travaux aux « sciences de l'homme et de la société » en 2008, aux « sciences de l'ingénieur » en 2009 et aux « sciences biomédicales » en 2010, « l'ordre d'examen retenu commen[çant] par les disciplines où les lacunes paraissent les plus importantes afin que les préconisations puissent être prises en compte rapidement ». L'étude par discipline sera systématiquement accompagnée d'un questionnement transversal, portant par exemple sur les spécificités liées à tel ou tel type de population (en fonction de l'origine du handicap, de la nature des déficiences ou de l'âge des personnes concernées), sur l'association des personnes handicapées, de leurs familles et des professionnels à la recherche ou encore sur les modalités de transfert des connaissances issues de la recherche (formation, amélioration des pratiques professionnelles...).
Jugeant que « le paysage actuel de la formation est complexe, protéiforme et évolutif », l'observatoire rappelle qu'elle est susceptible de concerner tous les acteurs (professionnels, personnes handicapées, aidants familiaux, bénévoles) et tous les domaines d'action (accompagnement de proximité, institutions spécialisées, éducation, santé, emploi, loisirs et sports). Face à une demande de formation forte, l'offre est très segmentée et on constate aussi bien des déficits que des superpositions incohérentes. Soulignant que « le handicap peut aussi constituer un terrain pour des démarches dogmatiques et sectaires », il estime qu'une vision éthique est nécessaire. Partant de ce constat, il se penchera en 2008 sur les contenus de formation existants, à la fois initiale et continue, puis en 2009 sur les attentes des aidants familiaux, les besoins d'information des acteurs institutionnels et de sensibilisation de la population générale. En 2010, il recherchera des leviers d'action pour faire évoluer les dispositifs de formation.
Le champ de la prévention du handicap étant très large, l'observatoire a décidé de circonscrire le périmètre de son étude en écartant la prévention primaire, qui relève selon lui des politiques de santé publique. En revanche, les aspects dépistage, repérage et diagnostic précoce font partie de ses attributions. Il estime en outre que « l'approche par les âges de la vie est féconde ». En 2008, le programme de travail portera donc sur les enfants - « de la conception à l'âge adulte » - avec trois périodes identifiées : la périnatalité, l'enfance de 0 à 6 ans, la période scolaire et universitaire. Les années suivantes, l'observatoire abordera le thème du travail et du handicap à l'âge adulte, puis la question du vieillissement des personnes handicapées.
C'est à la demande de Valérie Létard que l'Onfrih a retenu l'emploi comme thème transversal de travail pour 2008. Initialement, l'observatoire prévoyait en effet d'oeuvrer sur l'accessibilité et sur l'éducation de la personne handicapée (accompagnement éducatif du tout petit, scolarisation et éducation des adultes), les thèmes de l'accompagnement et de l'emploi n'étant proposés que pour les années ultérieures. Mais « il est apparu que la question de l'emploi constituait une priorité dans les réflexions à mener », explique l'instance.
Les modalités de l'étude restent à préciser mais quelques pistes se dessinent d'ores et déjà. Ainsi, la question de l'emploi pourra être analysée sous l'angle de l'économie, de la sociologie du travail et des sciences de l'éducation s'agissant de la recherche et de l'innovation. La formation des professionnels de l'orientation et de l'insertion ainsi que des employeurs sera évaluée. Enfin, « la prévention pendant la période scolaire et universitaire [qui a] un impact sur les possibilités ultérieures de l'adulte vis-à-vis de l'emploi » sera le troisième axe de travail.
(1) A noter qu'il n'a pas pour mission d'observer le handicap, c'est-à-dire la situation concrète des personnes handicapées, cette mission relevant des attributions du Conseil national consultatif des personnes handicapées. La prévention fait en revanche partie de son champ d'action.